C’est dans la lignée des « 5 gus dans un garage » auxquels avaient été résumés les opposants à la riposte graduée par le cabinet de Christine Albanel, lors de l’examen du projet de loi Hadopi 1. Dans la même thématique que les « grognards » ou les « groupuscules« . Dans son premier rapport d’activité, où elle dévoile les chiffres d’une machine écrasante à distribuer des e-mails en masse, la Haute Autorité juge utile de traiter encore avec mépris ceux qui continuent de s’opposer à elle.

Elle revient en effet dans son rapport sur les réactions très négatives (et parfois excessives) subies lors de la diffusion de campagne PUR, avec la fameuse Emma Leprince, en constatant d’abord que « les réactions à la campagne ont montré et confirmé la nature très clivée des publics de l’Hadopi, également mise en évidence au traers des réactions à la réponse graduée« .

« D’une part, écrit-t-elle, la grande majorité des internautes français ne se passionne pas pour la controverse autour de la question du partage de la culture sur Internet et réagit avec sérénité et responsabilité face à des messages globalement acceptés. »

D’un côté, donc, des gens responsables et sereins.

« D’autre part, une minorité active s’estime devoir être en opposition frontale avec l’institution, revendique le droit à ne pas respecter la loi, et s’oppose avec virulence aux moindres faits et gestes de la Haute Autorité« .

Des anarchistes décérébrés qui n’ont que leur « virulence » pour défendre leur droit à violer la loi. Beau portrait.

Il serait peut-être vrai si beaucoup de ces activistes minoritaires dépeints par l’Hadopi n’utilisaient pas justement la loi pour contester l’Hadopi, en honnêtes républicains. Que ce soit au travers de divers recours au Conseil d’Etat, de tentatives vaines d’obtenir les pièces nécessaires à une défense judiciaire, d’argumentaires juridiques sur l’illégalité de la procédure suivie par l’Hadopi, de rappels aux textes de lois, etc., etc. Depuis les débats à l’Assemblée jusqu’à la bataille de l’amendement Bono au Parlement Européen, en passant par le recours fructueux devant le Conseil constitutionnel ou les prochains recours contre les transmissions de dossiers de parquet, l’opposition s’est bien plus souvent jouée sur le terrain judiciaire que le terrain de la rebellion anarchiste.

Ceux qui s’opposent à l’Hadopi ne le font pas pour continuer à pirater. Ils savent se mettre à l’abri des radars, dont on se demande d’ailleurs à quel titre ils peuvent continuer à flasher, alors qu’ils ont violé leurs engagements. Les opposants s’opposent pour défendre un idéal politique et culturel, ce qui est respectable en toute société.

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