L’annonce a été faite en une minute, au sein d’un discours de 35 minutes portant sur la modernisation des infrastructures routières et ferroviaires. Mercredi, le gouverneur démocrate de l’état de New York, Andrew Cuomo, a annoncé sans livrer aucun détail que les autorités allaient commencer à tester des technologies de reconnaissance faciale, avec des caméras qui seront notamment installées au niveau des « croisements ».
« Comment affronter ces menaces que nous avons quotidiennement, qui deviennent pires, et pire, et pires ? New York est une cible et le déni n’est pas une stratégie viable », a d’abord prévenu Cuomo pour étouffer par avance toute critique sur ce qu’il allait dire ensuite : « Nos croisements présentent à la fois une vulnérabilité et une opportunité. Il y a des technologies émergentes dans nos systèmes de sécurité que nous voulons installer : des capteurs qui lisent les plaques d’immatriculation, et tester les logiciels derniers cris de reconnaissance faciale »
« Nous avons désormais des logiciels de plus en plus sophistiqués qui permettent de lire un visage », s’est-il réjoui.
https://youtube.com/watch?v=puWovVz7CfU%3Fstart%3D768%26feature%3Doembed
Mais comme le note Vocativ, les New-Yorkais n’ont eu le droit à aucun détail, qui sont pourtant importants. Rien n’a été dit sur la base de données qui serait utilisée pour comparer les visages à ceux filmés par les caméras, sur l’éventuel enregistrement de visages inconnus, sur la durée de conservation des données collectées, sur le droit des citoyens à savoir qu’ils ont été reconnus à tels ou tels endroits, sur qui aurait le droit d’accéder aux images, sur la détermination des zones où seraient installées et testées ces caméras, etc.
Le gouverneur a en revanche passé de très nombreuses minutes à parler de l’architecture des ponts, et de leurs projets d’illumination par des LED de toutes les couleurs.
Bientôt en France ?
En France aussi, l’utilisation de la reconnaissance faciale est de plus en plus ouvertement sollicités. En mars dernier, après les attentats de Bruxelles, Bernard Cazeneuve s’était dit favorable à l’exploitation de telles technologies dans les gares et les aéroports. « La reconnaissance faciale, ce sont des moyens sur lesquels travaillent nos services et nous n’hésiterons pas à employer les moyens humains et les moyens de la technologie », avait-il prévenu. Des systèmes ont déjà été employés ailleurs, notamment à Tokyo, à Sotchi et à Rio, pour sécuriser les Jeux Olympiques en comparant les visages avec des bases de données de terroristes connus.
Plusieurs technologies existent, dont celle développée en France par Safran Morpho qui propose Morpho Argus, un « système d’identification instantanée de personnes dans des flux de vidéo surveillance, analysant des captures de visages issus de vidéos enregistrées en temps réel ou pré-enregistrées » :
https://youtu.be/_LPwTnLAK1Y
En mai dernier, en prévision de l’organisation de l’Euro 2016, Christian Estrosi avait demandé avec Eric Ciotti à pouvoir mettre en place la reconnaissance faciale dans les fan zones. Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas avait toutefois refusé. « Cette proposition comporte des risques d’atteinte aux libertés publiques. Je ne comprends pas l’intérêt de la disposition proposée et émets donc un avis défavorable », avait-il répondu à l’Assemblée nationale.
Par la suite, l’attentat de Nice a relancé la polémique. À ceux qui disaient que la vidéosurveillance installée dans la ville la plus vidéosurveillée de France n’avaient servi à rien, M. Estrosi avait eu cette réponse :
« Elles ont permis de faire avancer l’enquête, mais, en matière de terrorisme, il faut admettre que les caméras ne sont pas la réponse à tout. Du moins en l’état actuel des choses, puisque, si on nous avait autorisés à utiliser notre logiciel de reconnaissance facial, il en aurait peut-être été autrement. On se serait rendu compte que le conducteur du camion avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour violence et qu’il figurait sur le fichier des infractions constatées Stic ».
Il est donc déjà question, pour lui, de ne pas limiter la base de données de comparaison aux seuls terroristes mais de l’étendre à tous les types d’infractions. Un peu comme le FNAEG, d’abord réservé aux violeurs et autres délinquants sexuels, fut progressivement étendu pour comprendre aujourd’hui plus de 3 millions d’enregistrements de profils génétiques.
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