C’est bien connu, il est toujours plus facile de dispenser des conseils à autrui que de les appliquer à soi-même. Le problème lorsque l’on veut chasser tous les internautes qui ne respectent pas le droit d’auteur sous sa forme actuelle, c’est qu’il faut évidemment se montrer absolument exemplaire et ne pas commettre le moindre impair en matière de propriété intellectuelle.
C’est d’autant plus vrai lorsque l’on représente un parti politique qui est particulièrement favorable à un durcissement de la législation contre le piratage. Sinon, il est certain que le discours anti-piratage sera complètement décrédibilisé. Or en la matière, la majorité présidentielle est loin d’avoir été un exemple pour les Français au regard de la variété des affaires survenues.
MGMT, lip dub, logos, photos.. bilan chargé pour l’UMP !
Il y a eu d’abord deux cas très médiatiques. Tout d’abord, une chanson de MGMT, Kids, utilisée sans autorisation dans un meeting ensuite diffusé sur Internet. Ensuite, le piratage d’un titre québécois pour sonoriser le lip dub des jeunes militants de l’UMP. Ce même lip dub fut ensuite impliqué dans une affaire de violation de droit à l’image d’une militante.
Ce n’est pas tout. Il y a également eu les affaires du premier logo de l’Hadopi, de celui de l’Aquitaine, du photo-montage visant Jean-Paul Huchon, d’une photo non créditée sur le site du ministère de la culture ou encore, plus récemment, la parodie d’une émission de TV réalité réalisée par les Jeunes populaires pour se moquer du Parti socialiste.
Après le Royaume-Uni, au tour de l’Allemagne
Si le personnel politique français n’est pas le meilleur élève en matière de respect des droits d’auteur, il n’est pas un cas à part. D’autres personnalités politiques, pourtant favorables à une législation plus dure contre le piratage, ont été repérés en flagrant délit d’infraction au droit d’auteur. Nous pouvions citer l’an dernier le Royaume-Uni, nous pourrons désormais aussi prendre l’Allemagne en exemple.
Torrentfreak rapporte qu’un homme politique allemand, Siegfried Kauder, président de la commission juridique au sein du parlement allemand, a lui aussi été pris en flagrant délit d’infraction au droit d’auteur, alors qu’il est un partisan de la lutte contre le piratage en Allemagne. En effet, il a présenté il y a quelques jours un plan en deux étapes pour combattre le piratage des contenus sur Internet.
Deux photos utilisées sans permission
En l’occurrence, l’impair commis par Siegfried Kauder porte sur deux photographies utilisées sur son site personnel sans autorisation (celle-ci et celle-là). Quand l’affaire a commencé à prendre de l’ampleur dans les médias, les deux clichés ont évidemment été retirés avec promptitude. Et le politique, rusé comme un renard, a tenté de récupérer cette histoire pour justifier l’intérêt de la lutte contre le piratage.
« Je suis ravi d’avoir eu l’occasion de montrer comment le système d’avertissement fonctionne. L’utilisation de deux photographies protégées par le droit d’auteur a été portée à mon attention. Les photos ont ensuite été retirées, donc le mécanisme d’avertissement fonctionne » a-t-il expliqué à la presse, dans l’espoir de faire de son erreur un argument supplémentaire en faveur du projet.
Les photos sont encore en ligne
Mais comme le souligne Torrentfreak, bien que démasqué par des internautes allemands et par la presse outre-Rhin, les photographies sont toujours en ligne sur le site de Siegfried Kauder, qui est pourtant avocat de profession (ici et là). Car en effet, si elles ne sont plus intégrées au site, elles sont encore hébergées sur le serveur du président de la commission juridique.
Ce n’est pas tout. Siegfried Kauder a assuré dans la presse qu’il avait en quelque sorte obtenu une licence d’exploitation des photos, après avoir réalisé son erreur. Une information que conteste le photographe, qui lui possède les droits de ses clichés. Le photographe a révélé par ailleurs que l’homme politique n’a jamais pris contact avec lui pour normaliser cette situation.
Une bonne nouvelle malgré tout
Dans ces conditions, une seule question demeure. Comment espérer que la population obéisse à une loi destinée à combattre le piratage sur Internet, phénomène social qui touche énormément d’individus, si les artisans de ces législations ne sont pas capables d’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils exigent des autres ? Cela contribue à alimenter la défiance envers le discours politique.
Il faut toutefois se féliciter dès qu’un cas de contrefaçon apparait dans le paysage politique. Révéler que les décideurs politiques sont les premières victimes de l’abus du droit d’auteur est peut-être le meilleur moyen de leur faire prendre conscience des dérives de la propriété intellectuelle. De cette façon, peut-être seront-ils plus sensibles aux arguments de ceux qui plaident un assouplissement de la loi, voire d’une révision du droit d’auteur.
( photo : BY-NC Neoman )
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