Les services de renseignement américains sont catégoriques. C’est bien la Russie qui serait derrière le piratage des serveurs du parti démocrate. Dans un communiqué qui se montre étonnamment accusateur pour un sujet aussi sensible, le département de la sécurité intérieure (DHS) et le bureau du directeur du renseignement national (ODNI) ont rendu leur verdict : Moscou a piloté l’opération.
« Nous croyons, au regard de l’étendue et de la sensibilité de ces tentatives, que seuls les plus hauts gradés des officiels russes ont pu autoriser ces activités », écrivent-ils. À leur yeux, il n’est pas concevable qu’une opération de cette ampleur, touchant directement le processus électoral américain et affectant l’un des deux grands partis, ait pu se faire sans l’aval du Kremlin.
Seuls les plus hauts gradés des officiels russes ont pu autoriser ces activités
Les données obtenues dans les serveurs du parti démocrate avaient été adressées en toute discrétion au site WikiLeaks. Dans la masse d’informations figurent des copies de courriers électroniques, des recherches sur les failles du candidat républicain et des transcriptions. S’était alors posée la question de savoir si la Russie tentait d’aider Donald Trump, qui s’est montré plutôt bienveillant à son égard.
« Ces vols et ces divulgations ont pour but d’interférer avec le processus électoral aux USA » commentent le DHS et l’ODNI qui ajoutent que des actions visant le scrutin des États fédérés ont également lieu même s’ils admettent qu’il ne sont pas en situation de les attribuer à Moscou. Tout ce qu’ils affirment, c’est que ces opérations sont parties dans la majorité des cas de serveurs russes.
Réagissant aux dénonciations de Washington, un porte-parole du Kremlin, dont les propos ont été repris par l’agence de presse Interfax, les a qualifiées de « foutaises ». « Les sites du président Vladimir Poutine sont attaqués quotidiennement par des dizaines de milliers de pirates. On peut tracer nombre de ces attaques vers le territoire des États-Unis, mais nous n’accusons pas à chaque fois la Maison Blanche ou Langley, siège de la CIA ».
C’est la première fois que des institutions du gouvernement américain accusent de façon aussi ouverte la Russie. Le pays avait été pointé du doigt en août par certains officiels de la Maison Blanche faisant part de leur quasi-absence de doute sur les auteurs du piratage de la convention nationale du parti démocrate. La candidate démocrate, Hillary Clinton, s’était montrée encore plus directe sur la question.
La Russie en est capable
Pour le DHS et l’ODNI, ce n’est pas la première fois que la Russie cherche à interférer le bon déroulé d’une élection ayant lieu dans un autre pays. « Les Russes ont utilisé des tactiques et des techniques de ce genre à travers l’Europe et l’Asie pour influencer par exemple l’opinion publique locale ». On se souvient par exemple qu’un rapport d’experts de 2014 notait qu’un pays comme la Russie pourrait le faire.
Mais si la Russie peut le faire, reste à savoir si elle le fait effectivement. Le contexte actuel est propice à l’enfumage d’un côté comme de l’autre, attisé par la campagne qui a lieu aux USA — et qui donne lieu à des positions sur des sujets dans lesquels la diplomatie russe est impliquée comme la Syrie — et par le fait qu’il y a aussi dans l’air un parfum de néo-guerre froide depuis bientôt deux ans.
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