La sénatrice Patricia Schillinger propose que les électeurs puissent voter par internet aux élections politiques, pour séduire « un électorat jeune » et « répondre aux récentes évolutions des modes de vie ».

Pourra-t-on un jour voter pour le futur président de la République sans bouger de chez soi, depuis son ordinateur ? C’est en tout cas le souhait de la sénatrice Patricia Schillinger, qui demande au ministère de l’intérieur sa position sur « le vote électronique ou encore le vote par internet, pour les élections politiques« .

Selon l’élue socialiste, « face à une abstention croissante dans notre pays, le vote électronique pourrait être une réponse séduisante pour un électorat jeune, ouvert aux nouvelles technologies, évoluant dans une société de plus en plus mobile« .

« Il pourrait répondre aux récentes évolutions des modes de vie et de travail avec une mobilité professionnelle de plus en plus importante. Il apporterait également une réponse aux personnes isolées, âgées ou handicapées qui rencontrent des difficultés pour se rendre dans les bureaux de vote« .

S’il paraît, ainsi présenté, comme une solution idéale, le vote électronique et a fortiori par internet est pourtant loin d’être la panacée démocratique. Comme nous l’avions écrit en 2009, le vote dans les urnes répond à un protocole rempli de symboles qui ne sont pas désuets :

Plus qu’une élection, c’est un véritable rituel qui répond à des codes et à des symboles que l’on trouve parfois dépassés, mais qui ont été élaborés avec soin par ceux qui ont inventé la démocratie. Le symbole le plus important est la transparence de l’urne dans laquelle le citoyen glisse son vote, dissimulé sous une enveloppe opaque. Chaque citoyen fait son choix dans le secret de l’isoloire, mais chacun doit pouvoir vérifier grâce aux parois transparentes de l’urne que son bulletin n’a pas pu être manipulé entre le moment où il a été glissé dans l’urne et le moment où le comptage des voix est effectué. L’opacité de l’enveloppe, elle, doit empêcher de savoir qui a voté quoi.

Ce sont des symboles essentiels qu’une société démocratique ne devrait pas pouvoir effacer sans se nier elle-même. Il y a quelques vieilleries que le tout numérique, dont nous sommes généralement les premiers partisans, ne devrait pas supprimer.

Dans un avis publié l’an dernier, la CNIL s’était dite « réservée quant à l’utilisation de dispositifs de vote électronique pour des élections politiques« , qui peuvent poser de graves problèmes démocratiques. Son avis était cependant circonscrit aux seuls « dispositifs de vote électronique à distance, en particulier par internet« , et pas aux machines à voter disponibles dans les bureaux de vote.

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