« Mieux vous connaître pour mieux vous satisfaire ». C’est ainsi qu’Orange résume l’offre qu’il propose désormais à ses abonnés qui acceptent de voir leur navigation sur internet observée et analysée. « Grâce à ces informations, Orange pourra vous faire bénéficier de propositions personnalisées par téléphone ou par mail et adapter les publicités que vous verrez sur le portail orange.fr en fonction de vos centres d’intérêt du moment« , vante l’opérateur.
Il assure qu’il « utilise une méthode conforme à la réglementation en vigueur« , sans préciser laquelle. Le dispositif se base en fait sur une architecture d’inspection profonde des paquets (DPI), qui permet à Orange de scruter tout ce que fait l’abonné de son accès à internet, et de voir précisément quels sites et quelles pages il visite.
En mai 2010, Openet avait en effet annoncé qu’Orange avait choisi sa solution FusionWorks Policy Manage, pour « permettre une large gamme de solutions conçues pour délivrer un meilleur contrôle des ressources réseaux et de nouveaux modèles économiques basés sur les profils en temps réel des clients« . Le communiqué disait explicitement que le dispositif serait « intégré à la solution de Deep Packet Inspection du partenaire d’OpenNet, Cisco Systems« .
Conscient qu’il marche sur des oeufs, Orange se veut rassurant sur l’impact de sa proposition pour la vie privée des abonnés qui acceptent le deal :
- Vos correspondances privées (notamment contenus des emails, messagerie instantanée, mots de passe) et vos téléchargements ne sont pas traités ;
- Les sites traitant des sujets suivants – religion-philosophie, origine raciale, sexualité, appartenance politique ou syndicale, santé – sont exclus ;
- Nous ne conservons aucun historique de votre navigation sur internet ;
- Aucune donnée ne sera utilisée à d’autres fins que celles d’adapter nos publicités et de personnaliser nos services ;
- Vos données Orange préférences sont supprimées en cas de désinscription.
Mais il faut le croire sur parole, et croire surtout que ça n’évoluera jamais. « J’ai quand même du mal à les croire lorsqu’ils disent qu’aucun historique de navigation n’est conservé, sachant que justement, c’est cet historique qu’ils analysent« , se méfie Korben. « Ils utilisent peut être des notions de catégories et de sites prédéfinis qui seront reconnus…« . Mais faute d’explication, l’abonné en est réduit à des hypothèses, et doit faire confiance.
L’évolution principale, cependant, pourrait être dans le modèle économique. On imagine fort bien que cette première offre, qui ne devrait pas séduire grand monde tant les avantages en retour sont maigres, fait office de test. A terme, Orange proposera certainement des abonnements à tarif réduit pour qui accepte d’être ainsi espionné dans son usage d’internet, ce qui lui assurera un bien meilleur taux d’abonnés volontaires.
En compensation, non seulement l’opérateur pourra personnaliser les publicités présentes sur son propre portail, mais il pourra aussi et surtout vendre les profils de ses clients à des régies publicitaires extérieures pour afficher des publicités ciblées sur nombre d’autres sites. Il se trouvera ainsi en concurrence frontale avec Facebook, qui procède au même type d’analyse grâce à l’omniprésence du bouton « j’aime » et des modules sociaux de Facebook sur les sites internet.
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