Les DRM aident-ils vraiment les ayants droit à lutter contre le piratage ? À en croire une étude américaine, pas du tout. Les mesures techniques de protection auraient même l’effet inverse de celui escompté. Pour lutter contre le téléchargement illicite, les chercheurs suggèrent à l’industrie culturelle d’abandonner les DRM. Cela aurait un impact positif sur l’offre légale.

À côté de la lutte contre le téléchargement illicite sur Internet, à travers le mécanisme de riposte graduée, l’Hadopi consacre également des ressources pour favoriser le développement et promouvoir l’offre légale en ligne. Deux activités qui devraient l’inciter à prendre en considération l’étude conduite par des chercheurs de deux universités américaines sur les mesures techniques de protection (DRM).

Les conclusions des travaux des chercheurs, rapportées par Torrentfreak, sont en effet tout à fait intéressantes. Se basant sur un modèle analytique de leur cru, les chercheurs ont constaté que le retrait des verrous numériques peut contribuer à réduire le piratage des œuvres culturelles sur le net. La présence des mesures techniques de protection aurait même l’effet inverse que celui escompté. Les DRM pousseraient les utilisateurs au piratage.

« Seuls les consommateurs légaux qui paient le prix souffrent des restrictions techniques. Les utilisateurs illicites ne sont pas affectés parce que les contenus piratés n’ont pas de DRM. […] Dans de nombreux cas, les restrictions empêchent les utilisateurs légitimes de faire des choses aussi naturelles que la sauvegarde de leur musique » peut-on lire dans le rapport. « À cause de ces inconvénients, certains utilisateurs optent pour le piratage« .

Parade inefficace contre le piratage

L’étude conduite par des chercheurs de deux universités américaines bat ainsi en brèche les croyances de l’industrie culturelle, qui voit dans les mesures techniques de protection le meilleur moyen de garder le contrôle des œuvres dont ils ont les droits. Or, contrairement à leur croyance, il apparaît que les DRM sont un non-sens économique et stratégique.

D’une part, les DRM ne permettent pas – au regard de l’étude – d’offrir une vraie parade au piratage. Tôt au tard, les protections sont brisées et les contenus finissent par se retrouver sur les réseaux peer-to-peer. Présentés comme une protection technique des droits d’auteur, les DRM n’ont jamais fait la démonstration d’une durée de vie suffisamment longue qui justifierait les sommes très importantes englouties par les ayants droit pour développer de nouvelles protections.

D’autre part, les DRM constituent un frein considérable au développement de l’offre légale. En effet, nombreuses sont les plates-formes à proposer des contenus bridés par des mesures techniques de protection. Conscients des restrictions éventuelles, nombre de consommateurs préfèrent ne pas acheter et, pour certains, choisissent de se rabattre vers des solutions illicites.

Abandon des DRM, hausse des ventes

Quelques exemples très concrets prouvent l’absurdité des mesures techniques de protection. Lorsqu’il était patron de la Fnac, Denis Olivennes avait avoué que l’abandon des DRM avait eu un impact positif sur les ventes numériques. Même constat chez EMI, puisque les ventes sont restées à niveau alors même que l’abandon des DRM a été accompagné d’une hausse du prix des singles de 30 %.

La boutique numérique 7 Digital est un autre exemple. Son chiffre d’affaires a ainsi progressé de 188 % quelques temps après l’abandon des DRM. Les signes démontrant les inconvénients des DRM pour le développement de l’offre légale sont nombreux. Il ne tient qu’aux ayants droit de les remarquer et d’agir en conséquence pour faire donner un coup d’accélérateur aux ventes.

À l’heure actuelle, les verrous numériques ont pratiquement disparu des boutiques légales de musique numérique. Toutefois, les DRM sont encore bien présents dans d’autres secteurs culturels : cinéma, jeux vidéo ou livres numériques.

La carotte a toujours mieux fonctionné que le bâton.

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