Des millions d’internautes britanniques devront désormais demander à leur fournisseur d’accès à internet l’autorisation de consulter un site pornographique. La mesure, mise en place sous la pression d’organisations religieuses et du gouvernement, pourrait débarquer en France où elle commence à creuser son chemin.

Mise à jour : Dans un nouvel article, le Guardian revient sur ses premières informations et précise que le filtrage sera proposé aux nouveaux abonnés, et non imposés. Les clients qui souscrivent à un nouveau contrat devront choisir entre une formule avec filtrage ou sans filtrage, sans qu’aucune des deux ne soit mise en avant.

Est-ce qu’une question de mois ou d’années avant que le même mécanisme soit mis en place en France ? En Grande-Bretagne, le Guardian rapporte que les fournisseurs d’accès à internet BT, Sky, TalkTalk et Virgin, qui comptent parmi les plus importants outre-Manche, bloqueront désormais l’accès aux sites pornographiques. Les abonnés qui souhaitent y accéder devront contacter leur opérateur pour demander le déblocage, et ainsi assumer leur perversité.

L’annonce a été faite mardi par le premier ministre David Cameron, qui a suivi les recommandations d’un rapport commandé à Reg Baily, le directeur de l’association chrétienne Mothers’ Union.

En France, le député Christian Vanneste (UMP) a demandé cet été au gouvernement d’imposer un tel filtrage de la pornographie au niveau des opérateurs de télécommunications. Lui se reposait sur les recommandations de l’association Famille et Liberté… qu’il préside.

« Toutes les enquêtes montrent que la majorité des adolescents accèdent à des images pornographiques sur Internet. Il se crée chez eux une dépendance pathologique qui se manifeste chez les plus faibles d’entre eux par des comportements délictueux ou criminels, comme on en a tous les jours des exemples« , justifiait le député. « La pornographie, sans limite, envahit les foyers par le moyen d’internet et s’insère de manière pernicieuse dans la vie de nombreux jeunes« , regrettait-il, en détaillant longuement les conséquences psychologiques et délictuelles qu’aurait le visionnage de contenus pornographiques chez les plus jeunes et les adolescents. Il proposait donc que « tout contrat pour une connexion à internet ne pourrait admettre ces sites qu’après une demande explicite du contractant« , s’inspirant déjà d’une proposition britannique.

Au mois de septembre, c’est le député Patrice Calméjane (UMP) qui a remis l’idée du filtrage par défaut sur le feu, en proposant que « que les logiciels de contrôle parental soient automatiquement installés par les fournisseurs afin que des mineurs ne soient confrontés à des sites réservés aux majeurs« . Les sites concernés (et pas seulement les sites pornographiques) seraient ainsi bloqués par les opérateurs, à charge pour l’abonné de faire les démarches nécessaires pour demander le déblocage, et risquer ainsi d’être fiché.

De son côté, le CSA qui régule les contenus sur la télévision et une partie de la vidéo à la demande, pourrait avoir le même type de proposition. Dans son dernier rapport annuel, publié en juillet, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel demandait à ne plus réguler seulement la télévision, mais tout ce qui est susceptible d’être vu sur un téléviseur. Donc y compris les contenus sur Internet, avec le développement des téléviseurs connectés. « La demande de régulation des contenus audiovisuels en ligne ne cesse de progresser au nom de la protection du jeune public et de la déontologie« , constatait le CSA. Plus tôt, en janvier 2011, le président du CSA Michel Boyon avait proposé que le Conseil décerne un label aux éditeurs et hébergeurs qui s’engagent à filtrer les contenus notamment pornographiques, et suggéré que « les logiciels de contrôle parental filtrent les sites qui n’auraient pas ce label« .

visuel_fibre_adsl2

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !