Quatre syndicats de la presse ont listé une série de griefs à destination du kiosque à journaux d’Apple. Ils reprochent notamment au géant américain des conditions commerciales inacceptables et une commission beaucoup trop élevées. Des solutions alternatives existes, comme le HTML 5, mais seront-elles satisfaisantes pour la presse ?

Apple a beau déployer des trésors d’imagination pour séduire la presse, tous les médias ne succombent pas aux charmes de la marque à la pomme. Parmi les plus réfractaires se trouvent les représentants des journaux français, qui pensent que les solutions proposées par la firme de Cupertino sont « aujourd’hui inacceptables« . Non seulement elles fragilisent la presse mais elles lui lient les mains pour l’avenir.

Des conditions commerciales inacceptables

« Les conditions commerciales imposées par Apple sont aujourd’hui inacceptables. Elles fragilisent le modèle économique de la presse, et réduisent à terme les choix proposés aux internautes » ont déclaré quatre syndicats de la presse (syndicat de la presse quotidienne nationale, syndicat de la presse quotidienne régionale, syndicat de la presse magazine et syndicat professionnel de la presse magazine et d’opinion), cités par 01 Net.

Chaque point ou presque pose problème. Les quatre syndicats, qui représentent une très grande partie des journaux et des magazines français, évoquent en particulier le contrôle exclusif des données des lecteurs par la firme de Cupertino, empêchant les journaux et les magazines d’entretenir une relation directe avec les clients. Or cet axe est essentiel pour la presse depuis de nombreuses années.

Commission trop élevée

Les médias ont également en ligne de mire les taux de commission excessifs pratiqués par Apple, ainsi que des tarifs qui « ne correspondent pas à la réalité du marché, ni aux besoins des lecteurs« . La firme de Cupertino impose en effet une commission de 30 % sur les ventes et les abonnements aux journaux disponibles sur l’App Store, ce qui heurte inévitablement les finances déjà fragiles de nombre de médias.

Le piège d’Apple est très sournois, puisqu’il a d’abord consisté à séduire les journaux avec sa tablette numérique, l’iPad, avant de leur tomber dessus. Le géant américain les oblige à proposer leur meilleur prix sur l’App Store et à ne pas utiliser leur application pour faire la promotion d’abonnements se trouvant en dehors d’iTunes.

Le HTML 5 en alternative

Face à cette emprise, certains journaux comme le Financial Times tentent de se dégager. Le quotidien économique mise sur la technologie du HTML 5 pour développer une seule et même application mobile qui pourra dans le même temps être lue par tous les appareils, quelle que soit leur marque. Y compris les produits d’Apple, grâce au navigateur web Safari intégré dans l’iPad et l’iPhone.

À défaut, il reste également possible de concevoir un kiosque alternatif. En novembre 2010, huit journaux et magazines avaient officialisé la naissance de l’e-Presse Premium qui doit servir de plate-forme de distribution commune aux versions numériques de leurs titres de presse. Avec l’espoir de se dégager des conditions commerciales d’Apple et de son prélèvement systématique de 30 %.

Le kiosque à journaux d’iOS 5

Avec la sortie de la cinquième version d’iOS, Apple a mis en place un kiosque à journaux (newsstand) sur le modèle du centre de jeux. L’application permet à l’utilisateur de centraliser ses différents abonnements dans un seul et même endroit. Les nouvelles publications de revues et de journaux sont ensuite directement envoyées dans le kiosque, via des mises à jour effectuées en arrière-plan.

Reste à savoir si les quatre syndicats français résisteront longtemps à l’appel d’Apple. La part de marché du constructeur américain sur le marché français du mobile est suffisamment importante pour que la presse finisse peut-être par revoir sa position. Surtout lorsque certains éditeurs affirment avoir vu leurs ventes numériques bondir de 750 %. De quoi faire réfléchir.

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