Mise à jour : Contactée,la Haute Autorité nous indique qu’une erreur de note de bas de page dans le document que nous commentions limitait « l’appel à contributions » au seul forum des labs Hadopi. En fait, la synthèse réalisée a pris en compte d’autres avis, notamment exprimés sur Twitter, ce qui participe à sa volonté d’ouvrir les labs à un maximum de participants, sans se limiter aux outils « officiels ». Or c’est cette synthèse qui a servi à l’élaboration du document publié dans le cadre des Rencontres de Dijon.
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Mais à quoi joue la Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protections des droits sur Internet (Hadopi) ? Alors qu’elle vante à chaque fois qu’elle en a l’occasion les mérites de son outil de réflexion, qu’elle a choisi d’ouvrir à tous les participants qui le souhaitent, voilà qu’elle publie un document qui trahit totalement ce que disent ces participants. Pire, qui leur fait dire ce qu’ils ne disent pas.
A l’occasion des Rencontres cinématographiques de Dijon (vous savez, celles que François Rebsamen a récupérées dans sa ville après que le maire de Beaune a refusé de céder aux pressions du lobby du cinéma lors de la loi DADVSI), l’Hadopi a publié un document (.pdf) qui commente « l’offre et la consommation de cinéma sur les réseaux« .
Après une première partie consacrée à un état des lieux de l’offre légale (qui nous apprend notamment que « la part des œuvres françaises dans le chiffre d’affaires VOD cinéma a chuté de 9 points en 4 ans, passant de 38% à 29%« ), l’Hadopi s’est intéressée aux freins ressentis par les consommateurs. Elle rappelle à cet égard que ses Labs avaient lancé « un appel à contributions », par lequel « les internautes étaient invités à débattre sur les freins à l’usage et au développement de l’offre légale« . Initiative intéressante, qui n’a pas rencontré un franc succès. Seules 8 réponses ont été formulées, extrêmement critiques à l’encontre de l’offre légale.
Si la plupart de ces critiques ont été reprises (en particulier sur la territorialité qui empêcher d’accéder aux offres étrangères, le prix excessif, le manque de versions originales sous-titrées, le manque de fraîcheur des films proposés, l’absence d’interopérabilité…), l’Hadopi trouve le moyen d’inventer une critique qui n’a jamais été formulée sur ses forums.
Elle écrit ainsi que « les répondants à l’appel à contributions signalent d’autres freins au développement de l’offre en ligne, parmi eux (…) la visibilité de l’offre illicite via des sites de direct download, qui bénéficient parfois d’un meilleur référencement sur les moteurs de recherche« .
Or nous avons beau lire et relire la page du forum et ses 11 messages, à aucun moment cette critique n’est formulée. Jamais.
Seuls deux messages peuvent se rapprocher de cette critique, de très (très) loin :
- « Pour les documentaires et concerts c’est assez simple: C’est extrêmement difficile d’en trouver en VOD, voir impossible. Vu les coups de diffusion d’ailleurs je ne comprends pas que ce ne soit pas plus disponible. Netflix a eu énormément de succès aussi parce qu’ils sont quasi les seuls à proposer certains types de production, certes vendant peu à l’unité, mais qui captent une clientèles qui ne trouve pas cela ailleurs » (Wizz, le 5 octobre 2011)
- « La concurrence des versions illégales. La paranoia des diffuseurs concernant les œuvres fait qu’il est plus compliqué de regarder une version « légale », qu’une version « pirate ». Le consommateur va vers ce qu’il y a de plus simple. C’est très dommage, d’autant plus que les versions pirates sont quand même là. Il faut simplifier au maximum l’accès à l’œuvre. Quelquesoit la raison d’en restreindre l’accès (procédé anti-copie, restrictions géographiques, etc), la restriction ne fera que détourner les consommateurs de la version légale. La restriction profite à la version piratée qu’elle est sensée combattre (les faits sont là). » (Yrougy, le 5 octobre 2011)
En déduire que les internautes consultés ont critiqué « la visibilité de l’offre illicite via des sites de direct download, qui bénéficient parfois d’un meilleur référencement« , c’est osé.
Rappelons que pendant les débats parlementaires sur la loi Hadopi, en 2009, il avait été question d’obliger Google et ses concurrents à sur-référencer l’offre légale. La proposition avait cependant été abandonnée.
Dans le rapport d’activité de l’Hadopi, le secrétaire général Eric Walter écrit que le label PUR, qui est actuellement un « simple logo apposé sur les offres labellisées, appuyé par un site Internet dédié, pourrait avantageusement évoluer vers un outil plus à même d’appuyer la visibilité de ces offres dans les résultats de recherche des internautes« . Contactée, la Haute Autorité nous avait assuré ne pas revenir vers la proposition du projet de loi de 2009, mais réfléchir plutôt à mettre en place des outils qui permettent de faciliter l’exploitation des catalogues, peut-être sous forme d’APIs.
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