À quelques semaines du scrutin qui opposera les candidats à l’élection présidentielle américaine, Facebook donne désormais la possibilité aux internautes de faire campagne pour leur candidat favori. En se rendant sur la page d’Hillary Clinton ou de Donald Trump, les utilisateurs peuvent se rendre dans l’onglet « Soutiens » du menu de gauche, puis cliquer sur le bouton « Soutenir ».
« Créez une publication pour informer les gens qu’ils devraient envisager de voter pour Hillary Clinton », peut-on par exemple lire sur la page Facebook de la candidate du camp démocrate. En cliquant sur le bouton, le réseau social génère un message de soutien à Hillary Clinton, avec une illustration personnalisée, qui invite à « soutenir Hillarry Clinton au poste de President of the United States » (sic). Le message devient alors visible sur la timeline de l’internaute, avec un lien qui conduit sur la page permettant à ses amis de soutenir également.
Il semble que les candidats seront libres d’afficher ou non les soutiens qu’ils reçoivent, et de sélectionner ceux qu’ils affichent. L’idée est certainement d’éviter qu’un candidat se sente embarrassé d’être publiquement soutenu par une personnalité faisant l’objet de moqueries, ou d’opprobre.
Actuellement, aucun des candidats n’affiche ses soutiens sur sa page, mais ça devrait rapidement changer.
On ne sait pas si le dispositif sera porté en France pour les élections présidentielles et législatives de 2017, mais il est très probable que si. Le module est déjà traduit en langue française, et il n’est pas spécifiquement conçu pour les élections américaines. Celles-ci font juste office de terrain d’expérimentation à grande échelle.
Néanmoins la culture américaine n’est pas la culture française. Alors qu’aux États-Unis il est très fréquent d’afficher sa couleur politique en portant des badges ou en plantant des panneaux dans son jardin pour inviter ses voisins et les passants à voter pour tel ou tel candidat, en France la préférence politique reste quelque chose qui relève encore le plus souvent de l’ordre de l’intime. Le secret du vote est quelque chose de plus sacré.
Cela pourrait toutefois changer sous la pression induite par les réseaux sociaux, qui connaissent des phénomènes d’emballement. L’effet sur l’élection pourrait alors ne pas être neutre. On imagine qu’il sera plus difficile socialement d’appeler ses « amis » à soutenir une Marine Le Pen d’extrême-droite ou un Philippe Poutou d’extrême-gauche, qu’un Emmanuel Macron de centre-gauche, ou un François Bayrou de centre-droit.
Pour Facebook, en tout cas, cette nouvelle fonctionnalité devient un nouveau moyen d’en apprendre plus sur les opinions politiques de chacun de ses membres, au risque non seulement de sacrifier toujours un peu plus de sa vie privée, mais au risque surtout de s’enfermer encore davantage dans des bulles filtrantes qui cachent les opinions adverses.
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