La caricature de l’islam dans la presse est toujours aussi difficile. Cinq ans après l’affaire des caricatures du prophète Mahomet, Charlie Hebdo a voulu célébrer les révolutions arabes à sa façon en se rebaptisant Charia Hebdo et en laissant la direction du prochain numéro au prophète Mahomet. Résultat le site web du journal a été piraté et le siège parisien a été incendié.

Aborder la religion musulmane sous un angle critique et satirique demeure un exercice décidément très périlleux. Charlie Hebdo, qui s’était déjà illustré par le passé en reprenant par solidarité les caricatures du prophète Mahomet publiées dans le journal danois Jyllands-Posten, vient une fois encore de le constater. Le siège parisien de l’hebdomadaire a été victime d’un incendie criminel tandis que le site web a été piraté.

Charlie Hebdo avait annoncé cette semaine son intention de célébrer à sa façon les conséquences politiques du printemps arabe en Tunisie et en Libye. En effet, alors que nombreux étaient eux à applaudir les révoltes populaires au Maghreb et au Moyen-Orient, beaucoup ont déchanté lorsque des mouvements islamistes se sont progressivement imposés dans le champ politique.

« Afin de fêter dignement la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie et la promesse du président du CNT (Conseil national de transition) que la charia serait la principale source de législation de la Libye, Charlie Hebdo a proposé à Mahomet d’être le rédacteur en chef exceptionnel de son prochain numéro » avait expliqué l’hebdomadaire dans un communiqué.

À cette occasion, Charlie Hebdo comptait se rebaptiser exceptionnellement en « Charia Hebdo » et avait décidé de bombarder Mahomet rédacteur en chef pour diriger le prochain numéro de l’hebdomadaire. En Une, le journal présente un prophète caricaturé qui déclare « 100 coups de fouet, si vous n’êtes pas morts de rire« . Une caricature nettement plus légère que celles publiées en 2005.

À l’heure actuelle, le site web de Charlie Hebdo n’est toujours pas revenu en ligne. Interrogé par l’AFP, le directeur de la publication, le dessinateur Charb, a expliqué que « le poste de maquette a brûlé et il y a de la suie partout, le système électrique a fondu« . Par ailleurs, la rédaction a reçu via les réseaux sociaux de nombreuses protestations, insultes et menaces.

Cinq ans après la publication des caricatures de Mahomet, reprises par de nombreux titres de la presse internationale, il est toujours aussi délicat d’aborder l’islam sans risque. On se souvient que la publication de ces dessins avait déclenché une très vive réaction dans la communauté musulmane, avec des manifestations pacifiques ou violentes selon les pays.

Cette affaire avait eu des répercussions judiciaires en France, dans la mesure où Charlie Hebdo a été poursuivi au pénal par l’Union des organisations islamiques de France et la Grande Mosquée de Paris. Cependant, l’hebdomadaire a été relaxé une première fois par le tribunal correctionnel de Paris puis une seconde fois par la cour d’appel de Paris.

Le tribunal avait alors reconnu que « si par sa portée, ce dessin [celui représentant Mahomet coiffé d’un turban en forme de bombe, ndlr] apparaît en soi et pris isolément, de nature à outrager l’ensemble des adeptes de cette foi et à les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience, […] qu’en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, […] les limites admissibles de la liberté d’expression n’ont donc pas été dépassées« .

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