Le studio américain Warner Bros reconnaît avoir retiré des fichiers sur la plate-forme Hotfile alors qu’il n’en détient pas les droits. La société de production et de distribution met en avant les faiblesses techniques du logiciel de repérage et les défaillances humaines pour ne pas avoir à verser les dommages et intérêts que réclame Hotfile.

Ce sont des aveux qui pourraient bien changer la physionomie du procès qui oppose le studio de cinéma américain Warner Bros à Hotfile, un important site d’hébergement de fichiers. Au cours d’une audience, le studio a reconnu avoir eu la main lourde avec l’outil anti-piratage mis à disposition par Hotfile. Warner Bros a avoué avoir supprimé des fichiers sans en détenir les droits.

« Warner Bros admet qu’au regard du volume et du rythme des nouvelles infractions commises sur Hotfile, le studio ne peut pas dans les faits télécharger et vérifier le contenu de chaque fichier et demander ensuite qu’il soit retiré avec l’utilisation du logiciel » a commenté la société de production et de distribution, cité par Torrentfreak. En conséquence, le logiciel a surréagi et a ciblé des fichiers sans rapport avec Warner Bros.

La Warner reconnaît en particulier le cas d’un livre dédié aux traitements alternatifs du cancer (Cancer : out of the box) et d’une production de la BBC (The box that saved Britain), deux œuvres confondues par l’outil de repérage. Elles ont été retirées sans raison de Hotfile. La raison ? Les titres des deux fichiers contiennent « The Box », comme le film The Box.

Le processus automatisé mis en place par la Warner Bros pour contrer le téléchargement illicite révèle ainsi toute la limite de l’exercice. S’il est possible de mettre un filtrage par mot clé, son efficacité est loin d’être assurée. En filtrant par exemple le mot « Office » dans le but d’empêcher le téléchargement des épisodes de la série « The Office », on prend le risque de bloquer la suite bureautique libre « Open Office ».

Plus critiquable, certains retraits ne sont pas dus à une faiblesse technique mais bien à une intervention humaine. Là encore, Warner Bros a ratissé un peu trop large dans sa lutte contre le piratage sans prendre en compte la nature et la provenance des fichiers ciblés. C’est le cas d’un logiciel open source sur lequel le studio américain ne possède aucun droit.

Le logiciel en question est un gestionnaire de téléchargement dont le but est tout simplement d’optimiser la vitesse de téléchargement des fichiers dénichés sur Hotfile et de réduire autant que possible la période d’attente qui apparaît souvent entre deux téléchargements. Le logiciel étant souvent proposé à côté de liens Hotfile menant à des contenus protégés par les droits d’auteur, Warner Bros a peut-être ciblé par mégarde ce logiciel.

Reste à savoir comment le tribunal accueillera ces nouveaux éléments. Hotfile réclame de son côté des dommages et intérêts pour réparer le préjudice subi et souhaite que la justice oblige le studio américain à contrôler un par un chaque fichier suspecté de constituer une infraction au droit d’auteur avant de procéder à son éventuelle suppression. À l’image de ce qui se fait désormais en France.

En ce qui concerne Warner Bros, le studio estime que la plainte de Hotfile doit être rejetée. S’il reconnaît quelques ratés dans sa campagne anti-piratage, le studio met en avant la grande proportion des contenus retirés de la plate-forme de téléchargement concerne des fichiers protégés par le droit d’auteur et que leur distribution sur ces espaces est illicite.

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