La surveillance des utilisateurs des réseaux sociaux grâce à leur localisation est une des dernières techniques de la police américaine pour surveiller et contrôler les mouvements de populations comme les manifestations. Ce lundi, les manifestants de Standing Rock, Dakota du Nord, découvraient que les autorités locales utilisaient Facebook pour surveiller les rebonds de cette protestation. Une manifestation qui se tient depuis des mois sur le chantier d’un futur pipeline que les militants refusent de voir s’ériger sur des terres sioux et qui polluerait selon eux les eaux du Missouri.
La tension entre les autorités et les manifestants est montée d’un cran la semaine passée : les policiers ont utilisé des vaporisateurs de gaz poivré, des tasers et des sacs à pois pour déloger les militants du chantier. De nombreuses arrestations ont ainsi eu lieu. Et la rumeur que la police utilisait la surveillance des réseaux sociaux comme outil de répression s’est répandue parmi les militants. Depuis, les manifestants appellent donc chacun à se géolocaliser dans les mobilisations, qu’ils y soient présents ou non.
Pour détourner la surveillance policière et tromper les outils de surveillance des autorités, les manifestants appellent chacun à se localiser et à publier un message susceptible d’être pris pour un check-in militant par la police. Une intervention qui permet bien sûr aux absents de témoigner leur soutien à la mobilisation, mais également de saturer les données qui servent à la surveillance des manifestations. À la suite de cet appel, plus d’un million de personnes se seraient ainsi géolocalisées dans la manifestation selon le Guardian.
Comme de nombreux états américains, le Dakota du Nord utilise officiellement Geofeedia pour procurer à ses autorités des données sur les mouvements de populations.
Or si la police, lors de manifestations comme celles-ci, n’a finalement pas tant besoin de surveiller les manifestants avant d’employer la violence, une méthode que les autorités utilisaient avant les réseaux sociaux, la conscience des militants vis-à-vis de la surveillance par réseau social interposé est de plus en plus grande.
La multiplication et la saturation des données sont pour les manifestants une assurance que la surveillance policière devient difficile, voire impossible à exécuter. Et leur application à fausser ses données montre que le sujet de la surveillance policière est devenu crucial pour eux.
Bien que se géolocaliser dans une manifestation relève assurément de ce que l’on appelle le slacktivisme, l’importance symbolique à Standing Rock est double : partager sur les réseaux sociaux son soutien à une mobilisation et conscientiser les manifestations à propos de la surveillance des mouvements humains. Un double acte militant qui comptera à l’avenir, lorsque la surveillance policière pourra changer le destin d’un mouvement.
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