L’avenir judiciaire de Harold T. Martin III s’assombrit. Arrêté à la fin du mois d’août par le FBI, ce sous-traitant de la NSA risque de passer un très long moment à l’ombre. En effet, le New York Times indique que de nouveaux chefs d’accusation ont été ajoutés par le ministère public à l’encontre de cet employé de 51 ans, poursuivi aux États-Unis pour avoir ramené chez lui des tas de documents confidentiels.
Il faut dire que le cas est sérieux. Harold T. Martin III est accusé d’avoir récupéré sans la moindre autorisation des informations sensibles sur la NSA pendant plus de vingt ans sans jamais se faire repérer, malgré un profil pour le moins atypique. Le journal américain note en effet que la situation personnelle de l’intéressé était par moment très compliquée, ce qui aurait dû alerter l’agence.
Maintenu en prison par crainte d’une tentative de fuite avant le procès
Contrairement à Edward Snowden, qui a fait le choix de copier des secrets de la NSA pour alerter l’opinion publique via la presse, Harold T. Martin III n’a visiblement pas voulu devenir un lanceur d’alerte pas plus qu’il n’était un agent agissant pour le compte d’une puissance étrangère. C’est en tout cas la ligne de défense de Harold T. Martin III : il admet avoir dérobé des informations mais sans jamais les partager.
À l’heure actuelle, ce salarié de Booz Allen Hamilton, une compagnie fournissant des services aux agences fédérales, comme la NSA, est maintenu en détention provisoire pour vol de documents gouvernementaux et pour manipulation frauduleuse d’éléments classifiés. D’autres griefs en vertu de la loi américaine Espionage Act of 1917 sont prévus.
Ironie du sort, Edward Snowden est aussi un ancien de Booz Allen Hamilton.
Le cas de Harold T. Martin III est symptomatique de la dérive que les USA connaissent en matière d’informations classifiées. Selon des statistiques fournies par le bureau du directeur du renseignement national, il y a 4 millions de personnes aux USA qui ont accès à des données confidentielles dont 1,3 million pour le niveau top secret. Et sur ce nombre, 400 000 travaillent pour le secteur privé.
Le quotidien note que la NSA a fait de gros efforts pour resserrer les procédures de contrôle concernant l’accès et l’utilisation des informations secrètes mais qu’il n’est pas envisageable de rendre le système imperméable au regard du nombre de personnes ayant accès à des secrets plus ou moins sensibles. Ou alors, ce serait au prix d’une suspicion généralisée au détriment d’une atmosphère de travail saine.
Vous ne voulez pas créer une atmosphère de type Stasi
Quoiqu’il en soit, la NSA procède en ce moment même à un examen interne pour tenter de déterminer l’ampleur exacte des informations qui ont pu être extraites par Harold T. Martin III. Même chose du côté de Booz Allen Hamilton, qui a même recruté l’ancien patron du FBI, Robert Mueller, pour examiner ses pratiques de sécurité et de gestion. Il faut dire qu’entre ce cas et celui de Snowden, les conséquences en termes d’images de marque sont dévastatrices.
L’affaire a également des conséquences sur le plan politique. La vice-présidente de la commission du sénat américain en charge du renseignement, Dianne Feinstein, tient à ce que l’incident soit examiné, afin de jauger d’une part les mesures qui ont été prises par la NSA depuis l’affaire Snowden pour limiter la sortie de données sensibles et d’autre part pour voir quels sont les points qui peuvent encore être améliorés.
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