C’est devenu une obsession chez Julian Assange. Coincé depuis plus de quatre ans dans une petite pièce de l’ambassade équatorienne au Royaume-Uni, le fondateur de WikiLeaks est devenu un farouche opposant à la politique conduite par Hillary Clinton comme secrétaire d’État. Une hostilité dont le point d’origine remonte au minimum à la publication de certains secrets sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan (war logs) et sur sa diplomatie (cablegate).
À cette époque, Hillary Clinton ne mâche pas ses mots contre ceux à l’origine des fuites. Ciblant Chelsea Manning, qui a été l’informatrice de WikiLeaks pour les war logs. Elle l’accuse de « mettre en danger des innocents », de « saboter les relations pacifiques entre les nations », et promis « des mesures énergiques pour que ceux qui ont volé ces informations rendent des comptes ». Indirectement, c’est Julian Assange qui est visé, car c’est lui qui finit par tout publier.
C’est depuis cet épisode et pour d’autres raisons, que Libération vient de rappeler dans un récent article, que la candidature de Hillary Clinton à l’élection présidentielle américaine obnubile autant le fondateur de WikiLeaks. Cela fait maintenant plusieurs mois que Julian Assange s’est de fait invité dans la campagne, au risque de donner l’impression d’œuvrer pour la victoire de Donald Trump. Au risque, plus grave, d’apparaître comme un serviteur involontaire de la politique étrangère de la Russie.
Les faux pas de WikiLeaks
Au risque, surtout, de s’adonner à de la spéculation et du complotisme. Le dégoût que lui inspire Hillary Clinton a en effet déjà conduit Julian Assange à commettre quelques faux pas. À la mi-septembre, avant que l’explication de la pneumonie ne soit donnée par l’équipe de campagne de Hillary Clinton, WikiLeaks avait publié puis retiré un sondage invitant les internautes à spéculer sur l’état de santé de la candidate démocrate. Le site avait alors admis une erreur.
Récemment, la détestation qu’a Julian Assange à l’égard de l’ex-secrétaire d’État l’a conduit à trébucher encore une fois. C’est ce que révèle ce vendredi le Daily Beast, qui s’est chargé de déconstruire minutieusement une conspiration que WikiLeaks a récemment relayé sur son compte Twitter. D’après cette histoire, les époux Clinton auraient soutenu Laura Silsby, l’ex-responsable d’une expédition comportant des missionnaires baptistes du « Refuge pour une nouvelle vie des enfants» (New Life Children’s Refuge).
Cette organisation, basée dans l’Idaho, avait défrayé la chronique en 2010 dans une affaire qui n’est pas sans rappeler celle qui est survenue entre la France et le Tchad en 2007, avec au cœur de la crise bilatérale des membres de l’association L’Arche de Zoé.
Comme le rapportait la presse à l’époque, dix membres de l’expédition américaine avaient été interpellés par la police haïtienne en compagnie de 33 enfants, âgés de 2 mois à 12 ans. De part ses activités comme secrétaire d’État, Hillary Clinton avait bien sûr connaissance de cette affaire qui impliquait des Américains dans un autre pays. Pour Haïti, cette situation apparaissait alors comme un rapt d’enfants pur et simple. Laura Silsby a été condamnée en mai 2010 à Haïti mais laissée libre de rentrer chez elle.
Une histoire issue de Reddit
C’est à cette histoire que WikiLeaks fait référence. Sauf que l’enquête du Daily Beast, il apparaît que les tentatives de rapprocher les époux Clinton — et surtout Hillary — de ce qu’ont fait les membres « Refuge pour une nouvelle vie des enfants» — et de sa leadeuse, Laura Silsby — sont une construction d’un internaute fréquentant l’un des espaces de discussion de Reddit, un site communautaire. Celui-ci est organisé en communautés, autour de centres d’intérêt.
La trouvaille de WikiLeaks, une théorie conspirationniste d’un subreddit pro-Trump
L’un d’eux est consacré à Donald Trump. Entièrement dévoué à la cause du candidat républicain (les voix contestataires sont systématiquement écartées de ce subreddit, selon le Daily Beast), il a accueilli la thèse de cet internaute qui a cherché à lier les Clinton avec Laura Silsby. Sauf que les éléments mis en avant par l’intéressé étaient au mieux faibles au pire tordaient les faits pour les faire conformer à sa vision des choses. La suite de l’histoire, on la connaît.
Selon USA Today, Laura Silsby a été condamnée en 2010 par la justice haïtienne à 3 mois et 8 jours de prison. Le parquet avait requis une peine plus sévère, de six mois, alors que la loi autorisait au maximum un emprisonnement de trois ans. Sa libération était survenue plus tôt que prévu dans la mesure où, selon la presse haïtienne, les autorités ont estimé que la détention qu’elle avait déjà effectuée depuis le début de l’année couvrait sa condamnation (elle et ses comparses avaient été arrêtés fin janvier 2010)
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