Une étude du MIT vient de prouver que les plateformes de VTC ne parviennent pas à neutraliser le racisme de leurs chauffeurs aux États-Unis. Être une personne de couleur fait de vous un passager non désiré.

Ce lundi, des chercheurs du MIT associés à des collègues de Stanford et de Washington ont réalisé une étude qui cherchait à montrer les problèmes rencontrés par les afro-américains lorsqu’ils utilisent des plateformes comme Uber ou Lyft.

Selon l’étude, avoir un nom à consonances afro-américaines vous expose à connaître un bien plus grand taux de refus à bord des voitures. Les personnes ayant des noms perçus comme ceux de personnes de couleur attendraient un chauffeur pendant plus de temps que celles ayant un nom perçu comme « appartenant à un blanc ». Leur attente serait jusqu’à 35 % plus longue.

Les bus de Montgomery

Il semblerait en réalité que certains chauffeurs s’emploient à refuser des personnes noires à bord de leur voiture grâce au système d’annulation de course. La course est donc ensuite transmise à d’autres chauffeurs jusqu’à acceptation. Un homme noir pourrait ainsi voir sa course refusée près de trois fois plus souvent qu’une personne caucasienne.

L’étude a ainsi poussé Al Franken, sénateur démocrate du Minnesota, à écrire une lettre ouverte à destination des plateformes de transport qui sont visées dans les recherches. Franken demande ainsi de mesurer les comportements discriminatoires et de confronter les chauffeurs qui pratiqueraient ces discriminations.

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Al Franken

En réponse, les deux principales plateformes américaines, Uber et Lyft, ont remis en avant leur argumentaire habituel lorsqu’elles sont confrontées à de telles attaques, expliquant que grâce à elle, les quartiers défavorisés américains ont désormais accès à des véhicules là où les taxis n’allaient plus. Pour Adrian Durbin de Lyft, « les personnes vivant dans des zones mal desservies, historiquement négligées par les taxis, ont maintenant accès à des véhicules confortables et accessibles. » Les arguments sont identiques pour Uber, qui par la voix de Rachel Holt explique : « Nous pensons qu’Uber aide à réduire les inégalités de transport. Elle ajoute néanmoins : Mais des études comme celles-ci nous poussent à réfléchir à des améliorations. »

Qui est responsable du racisme ?

Uber

Le problème avec les comportements racistes sur les plateformes — qui sont le triste reflet du monde dans lequel elles sont née — vient de la responsabilité légale de ces entreprises. Jusque-là, si un Américain ou même un Français était victime de racisme au sein d’une entreprise il pouvait se retourner contre elle et porter plainte.

Au contraire, Uber ou Airbnb, en tant que plateformes, sont largement hors de danger puisque ce sont les chauffeurs et les loueurs qui sont responsables de ces comportements. En somme, si l’entreprise ne subit pas de dommages dans sa communication comme cela a été le cas pour Airbnb, elle n’est pas contrainte de changer… et n’est même pas responsable.

Ainsi, mardi, un juge fédéral mettait fin à la class action que souhaitait lancer Gregory Selden, un afro-américain victime de discriminations, contre Airbnb. L’homme avait essuyé un refus d’un propriétaire et, après avoir changé son nom pour un nom plus neutre, avait vu sa demande immédiatement acceptée par la même personne. Malheureusement pour le plaignant, le juge fédéral n’a pas pu donner suite à son action, les conditions d’utilisations d’Airbnb interdisant les utilisateurs de poursuivre la plateforme.

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Et grâce à sa nature hybride, Airbnb peut avoir des règles internes que la société est en droit d’appliquer mais ne peut pas être soumise à la réglementation contre les discriminations qui s’applique à l’immobilier et aux hôtels.

Or, si les utilisateurs d’Uber, chauffeurs et passagers, ou ceux d’Airbnb, se montrent effectivement racistes, ou même sexistes, aucune des plateformes ne peut être tenue responsable de ces comportements. Tout juste peuvent-elles y remédier en interne, comme l’a bien montré AirBnb.

Et si aujourd’hui ces sociétés évitent avec habileté leurs responsabilités légales, les lois peuvent encore s’adapter à ces nouveaux acteurs. C’est ce qu’espère par exemple Gregory Selden qui a déjà fait appel.

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