Début octobre les soutiens de Mme Manning s’inquiétaient de n’avoir aucune nouvelle de la lanceuse d’alerte, pourtant toujours assez réactives sur les réseaux sociaux. Enfermée depuis six ans par les autorités américaines, l’ancienne soldate avait révélé au travers de WikiLeaks des milliers de documents de guerre sur l’intervention américaine sur le sol irakien. Elle est depuis enfermée à Fort Leavenworth pour purger une peine de 35 années.
Nous apprenions en fin de semaine passée que cette absence s’expliquait par des mesures de confinement que son centre de détention lui a imposées après une première tentative de suicide en juillet. Un confinement qui aurait poussé Manning a intenter une seconde fois à sa vie.
Néanmoins, la jeune femme, avant de passer à l’acte, a transmis un document particulièrement étrange à ses proches : une longue plainte très détaillée qu’elle souhaitait voir envoyée au New York Time la semaine dernière. Le document est depuis accessible sur le site du quotidien américain. La lecture de ce dernier est pour le moins troublante.
Selon les informations transmises par ses proches, elle aurait écrit en octobre une plainte concernant son traitement en prison et aurait souhaité relater des événements qui se seraient produit devant ses yeux. Des événements pour le moins improbables… dont une attaque du centre pénitencier qui aurait été organisée pour lui nuire. L’ensemble des faits relatés concernant l’attaque ont depuis été démentis par les autorités militaires.
Il semblerait en réalité que l’isolement mette gravement à mal l’équilibre précaire de la santé mentale de la prisonnière Manning, qui entre déclarations fantasmagoriques et tentatives de suicide, montre des signes très inquiétants concernant son état de santé.
Et les autorités américaines ne semblent malheureusement guère prendre en compte la gravité de la situation. Lors de sa seconde tentative de suicide, la prisonnière était en confinement, une mesure punitive adoptée par le centre après sa première tentative de mettre fin à ses jours. Chase Strangio, son avocat, accusait alors le pénitencier : « Elle a été punie à plusieurs reprises pour avoir tenté de survivre et la voilà punie pour avoir tenté de mourir. »
L’isolement met clairement sa santé mentale — et donc sa vie — en jeu
Le New York Times évoque la santé mentale fragile de Chelsea Manning, qui déjà en 2013 alors qu’elle servait sous les ordres de l’armée américaine, était atteint de troubles graves de son état émotionnel et mental. Alors qu’elle s’appelait encore Bradley Manning, le soldat luttait intérieurement contre le stress qui accompagnait son isolement sur le terrain et les troubles liés à son genre.
Ses proches comme les journalistes qui suivent Manning sont globalement unanimes : les traitements qu’elle subit en prison sont inadaptés et mettent en danger la lanceuse d’alerte. Olivier Tesquet de Télérama, qui correspond avec Mme Manning nous explique ainsi : « Je crois que l’isolement à laquelle on la condamne met clairement sa santé mentale — et donc sa vie — en jeu. »
L’armée américaine, responsable du centre pénitencier, évite méthodiquement de répondre à toute question concernant les traitements de la prisonnière Manning et il n’est pas clair non plus que le centre pénitencier lui apporte le soutien psychologique nécessaire.
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