La Ville de Nantes et Nantes Métropole ont officiellement lancé leur plateforme de données publiques ouvertes ce lundi, à la Cantine Numérique nantaise et en présence de Jean-Marc Ayrault, député-maire de la Ville et Président de la Métropole.
« L’objectif de la démarche est à la fois de développer le tissu économique local et d’améliorer les services rendus aux usagers et entreprises de la métropole nantaise. La transmission, le partage et la réutilisation de ces données dématérialisées favoriseront, à terme, l’innovation et l’activité tout en améliorant la vie quotidienne des habitants » explique data.nantes.fr, la plateforme mise en place pour accueillir les données.
Des développeurs « appelés à la mobilisation »
Jean-Marc Ayrault a appelé à la mobilisation des développeurs « pour qu’ils se saisissent de cette liberté et de cette capacité« , comme le rapporte EntrepreNantes.com (fondé par PressTIC, société éditrice de Numerama).
Pour cela, les développeurs devront composer avec la licence ODbL, également choisie à Paris ou à San Francisco. Issue de l’Open Knowledge Foundation, elle permet à chacun d’exploiter publiquement, commercialement ou non, des bases de données à condition de maintenir la licence sur la base et sur les éventuelles modifications qui y sont apportées.
L’ouverture des données est évidemment une avancée majeure vers la transparence et la démocratie et elle permet de donner des outils favorisant le développement de l’économie numérique. Mais des questions se posent sur les choix nantais.
Certains formats propriétaires
Tout d’abord, de nombreuses données ne sont libérées qu’au format propriétaire XLS, correspondant au tableur Excel de Microsoft. Comme le notait le site Regards Citoyens en mai dernier lors de la parution du décret 2011-577 relatif à la réutilisation des informations publiques, « ce type de format pose de vrais problèmes de discrimination envers les utilisateurs. A tout moment, le propriétaire de ce format peut en restreindre l’utilisation ou intimider juridiquement les développeurs des applications« .
Même si ce decret recommande d’utiliser des fichiers interopérables, notamment de type CSV, beaucoup de données nantaises sont donc précaires et ce malgré la loi CADA. Cette loi de 1978 « consacre un droit d’accès et de réutilisation non-discriminatoire pour les données et informations publiques« .
Des données commercialisables
De même, au lendemain de l’annonce de la libération des données en février 2011, la Métropole se laissait le droit de revendre ses données « aux acteurs qui s’en serviront pour générer des revenus« . Devant le débat que suscitait cette annonce, il semblait que le plaidoyer pour la gratuité des données publié par l’association LiberTIC, qui a oeuvré pour cette libération, avait été entendu.
Mais, même si la DSI de la Métropole a martelé ce lundi qu’il n’était pas question, aujourd’hui, de renvendre les données, elle s’est tout de même réservée le droit de le faire sans se fixer de cadre précis. Ainsi il a été évoqué la possibilité de faire payer les gros acteurs du web qui souhaiteraient massivement utiliser ces données. Dans ce cas, la Métropole ne facturerait que le prix de revient de production des données et ne réaliserait pas de bénéfices sur leur exploitation.
En février, nous nous demandions si Nantes avait peur que l’Open Data aide ses entreprises. La question peut toujours se poser aujourd’hui quand, sous couvert d’empêcher les gros de profiter du système, elle ne se demande pas plutôt comment aider les petits à devenir gros.
Des entreprises nantaises ont déjà commencé à se saisir des données, avant un appel à projets prévu pour début 2012. Mais il faudra surveiller l’évolution de cette plate-forme pour s’assurer que les données restent bien libres dans des formats intéropérables et que les développeurs puissent continuer à y accéder gratuitement.
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