Ce serait la censure la plus vaste jamais organisée dans le monde. Même la Chine n’a pas été aussi loin. Le New York Times rapporte que les dirigeants des filiales indiennes de Google, Microsoft, Facebook et Yahoo étaient convoqués lundi dans le bureau de Kapil Sibal, le ministre des télécommunications de l’Inde. Il souhaite leur faire admettre une politique de pré-modération de l’ensemble des contenus publiés par les internautes sur leurs services.
Le gouvernement indien souhairait bannir du web tout contenu « désobligeant, insultant ou diffamatoire ». Depuis le mois d’avril, un règlement imposé aux intermédiaires techniques permet déjà d’obtenir le retrait a posteriori de tout contenu jugé « désobligeant », « harcelant », « blasphématoire » ou « haineux », et plus globalement tout contenu qui « menace l’unité, l’intégrité, la défense, la sécurité ou la souveraineté de l’Inde, ses relations avec les états étrangers ou l’ordre public« . Le ministre Sibal veut désormais aller plus loin, en demandant aux intermédiaires qu’ils fassent eux-mêmes la police et empêchent ce type de contenu d’apparaître sur Internet.
Le quotidien américain raconte que les entreprises convoquées ont déjà eu plusieurs rendez-vous depuis deux mois avec Kapil Sibal. Fin novembre, le ministre indien a été jusqu’à demander aux services en ligne qu’ils surveillent les contenus publiés, non pas avec des algorithmes de détection de mots clés, mais avec des moyens humains. Impensable lorsque l’on sait que Google compte 100 millions d’utilisateurs en Inde, et Facebook 25 millions.
L’Inde, dont seulement 5 % de la population est connectée à Internet, a beaucoup de mal à accepter la liberté de communication de ses citoyens. L’an dernier, elle a fait pression sur BlackBerry pour obtenir l’accès aux données privées de ses utilisateurs, en menaçait le constructeur RIM de bannir ses téléphones du marché s’il n’acceptait pas de collaborer. L’Inde fait également des pays qui souhaite décider de ce qui sera ou non accessible sur Internet, et a déjà prévenu de son intention de bannir le domaine .xxx de l’internet indien, tandis que de nombreux sites de téléchargement et de streaming ont été bloqués sans jugement sur leur illégalité.
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