Voilà une manière très provocatrice de rappeler que rien sur les réseaux P2P n’est privé. Par nature, les réseaux BitTorrent ou eMule exposent à tous les adresses IP de ceux qui téléchargent des fichiers, et même ce qu’ils téléchargent. Sur BitTorrent, il suffit en effet d’interroger les trackers pour connaître à chaque instant la liste des adresses IP à partir desquelles un fichier précis est partagé ou demandé, à un instant précis. C’est la méthode suivie en France par TMG pour collecter les adresses IP des internautes qui recevront un avertissement de l’Hadopi.
Mais alors que l’Hadopi conserve dans une boîte noire les informations personnelles des abonnés ainsi identifiés, et alors que TMG ne surveille qu’une liste limitée d’œuvres piratées, le site YouHaveDownloaded.com s’est donné pour mission de tout archiver et de tout rendre public. Le site a déjà compilé plus de 52 millions d’utilisateurs identifiés par leur adresse IP, associés à plus de 110 000 torrents téléchargés.
Chaque adresse IP est ainsi dotée d’une page sur laquelle apparaît le nom des œuvres téléchargées, la date du téléchargement, et la localisation supposée de l’internaute. Inversement, il est possible de voir pour chaque torrent la listes des adresses IP repérées.
Lorsque un internaute se rend sur YouHaveDownloaded.com, le site détecte automatiquement l’adresse IP et fouille dans ses archives. Si vous n’avez rien téléchargé, le site signale qu’il n’a aucun enregistrement sur vous. « Ca veut dire que vous utilisez un tracker BitTorrent privé ou, bien sûr, que vous n’utilisez pas du tout BitTorrent !« .
Au contraire, si l’internaute a téléchargé et que son adresse IP figure dans les bases, un message s’en félicite avec moquerie. « Bonjour Pirate ! Nous vous avons eu ! (Dans nos bases de données). Vous aimez les torrents, n’est-ce pas ? Ou au moins quelqu’un dans votre maison les aime (…) Bien sûr, vous êtes sûrs que vous n’avez enfreint aucune loi de la France et téléchargé uniquement des choses légales, n’est-ce pas ? ».
Pour supprimer, il faut s’identifier
L’abonné qui n’apprécie pas de voir son adresse IP ainsi fichée avec la liste des fichiers qu’il a téléchargés peut demander sa suppression. Mais pour ce faire il doit se logger sur Facebook et donc dans la plupart des cas révéler sa vraie identité (sic), ou remplir un formulaire où il est invité à donner son nom, son adresse IP, son numéro de téléphone et les raisons qui le poussent à demander la suppression de ses informations.
« Quel est le problème ?« , demande la page de suppression. « Vous êtes assez courageux pour voler de la musique, des films et des logiciels mais seulement parce que vous pensiez que vous n’alliez pas vous faire prendre ? (…) Avez-vous peur que des entreprises de médias découvrent que vous êtes un pirate ou avez-vous peur que vos amis découvrent exactement ce que vous avez téléchargé ? Quelle que soit la raison, Internet n’est pas un endroit où avoir des secrets. Même si vous avez suivi toutes les précautions à la lettre, il y a des chances que quelqu’un comme nous découvre ce que vous avez fait« .
YouHaveDownloaded.com prétend collecter « entre 4 % et 6 % environ de tous les téléchargements de torrents dans le monde » et voir environ 20 % des téléchargements sur les trackers publics. « Nous pouvons aussi collecter des informations depuis les réseaux BitTorrent privés« , préviennent les auteurs du site. « Ce serait plus cher, mais c’est faisable« .
Ils préviennent par ailleurs qu’ils ont « découvert une façon très simple de rendre les téléchargements peer-to-peer absolument intraçables« , en suivant les mêmes principes qu’un BitCoin pour l’échange de monnaies virtuelles. Mais ils ne veulent pas en dire plus. En revanche, ils offrent leurs services aux régies publicitaires qui voudraient cibler les internautes selon ce qu’ils téléchargent.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !