Devant la fronde, WhatsApp préfère reculer. L’application de messagerie instantanée a décidé de suspendre au moins provisoirement le partage des données personnelles de ses utilisateurs avec Facebook, qui l’a racheté en 2014 pour 19 milliards de dollars. Cette pause dans le transfert de certaines informations vers le réseau social n’est pas générale : elle ne concerne en réalité que les utilisateurs européens.
Cette suspension vise avant tout à donner des gages de bonne volonté aux autorités européennes de contrôle de la protection des données, réunies au sein du groupe de l’article 29 (G29). Elle a aussi pour but de prendre en compte les craintes émises par ces organismes et, le cas échéant, de faire les ajustements adéquats entre WhatsApp et Facebook, selon les informations de l’AFP.
L’arrêt temporaire des échanges de données à des fins publicitaires survient alors que des organismes de protection ont contesté l’annonce survenue cet été d’ouvrir les données de WhatsApp pour que le site communautaire puisse proposer de la publicité ciblée (Facebook et WhatsApp parlent de publicité « pertinente », ce qui est une autre manière de présenter les choses).
Suspension demandée
C’est le cas par exemple de l’Allemagne. Fin septembre, l’autorité de protection des données personnelles de Hambourg a intimé l’ordre à Facebook de ne plus importer les informations des utilisateurs de WhatsApp. Même son de cloche au Royaume-Uni, avec la publication d’un article de la CNIL britannique dans lequel elle réclame des explications aux deux entreprises.
En France, la CNIL avait également annoncé en août qu’elle serait « attentive » à la manière dont WhatsApp et Facebook échangeraient des informations.
Mais c’est en octobre que le coup le plus rude a été porté, avec la publication d’une lettre ouverte signée par toutes les CNIL européennes, réunies dans le G29, dans laquelle elles demandent à WhatsApp de ne pas procéder au partage des données personnelles de ses utilisateurs avec Facebook. Elles estiment que le consentement supposé des internautes concernés n’est probablement pas valide.
Le consentement supposé des internautes concernés n’est probablement pas valide
C’est au mois d’août qu’il a été annoncé que Facebook et WhatsApp ont fait savoir qu’ils allaient partager des données personnelles des utilisateurs du service de messagerie. Les messages étant chiffrés, il s’agit avant tout de croiser les numéros de téléphone qui servent d’identifiants et d’exploiter l’historique des métadonnées qui indiquent qui parle avec qui, quand et où.
Un système a toutefois été proposé par WhatsApp pour permettre aux usagers de refuser ce transfert entre les deux plateformes.
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