La critique, d’accord, mais attention à ce qu’elle ne soit pas trop virulente ! Telle paraît être la consigne qui a été donnée au groupe socialiste au Sénat (à moins que ce ne soit la règle qu’il ait choisi de suivre au nom de la solidarité avec le gouvernement ?), alors que le ministre de l’Intérieur intervenait devant les élus de la chambre haute du parlement au sujet du très controversé fichier TES.
Une chose est certaine, le sénateur Gaëtan Gorce n’a pas pu prendre la parole lors de la discussion avec Bernard Cazeneuve. Signe de son désintérêt total pour ce dossier ? Certainement pas : que ce soit dans la presse ou avec ses collègues de la commission des lois, Gaëtan Gorce est particulièrement mobilisé sur le fichier TES et il l’un de ceux qui a porté les coups les plus violents contre le dispositif.
Forcément : Gaëtan Gorce n’est pas seulement sénateur socialiste de la Nièvre.
Opposant notoire à plusieurs textes clivants (Hadopi 1 &2, Loppsi 2 et la loi ouvrant le secteur des jeux d’argent et de hasard sur Internet), il est aussi commissaire au sein de la CNIL depuis décembre 2011, cette institution garante du respect des libertés et de l’équilibre des traitements automatisés de données que les majorités successives ignorent dès qu’il s’agit du fichier TES, ancienne ou nouvelle version.
Trop expert sur ce sujet ?
C’est vraisemblablement cette double casquette de sénateur PS et de commissaire au sein de la commission nationale de l’informatique et des libertés qui a fini par priver de parole Gaëtan Gorce.
Rappelons en effet que dans son avis, la CNIL émet plusieurs réserves, « regrette » que le parlement n’ait pas été mis dans la boucle au sujet du fichier TES, alors que le traitement est d’une « ampleur inégalée » et dont le caractère est « particulièrement sensible ». Selon elle, il serait préférable de conduire une « évaluation complémentaire du dispositif » et de se pencher sur des solutions moins risquées.
Quoiqu’il en soit, Gaëtan Gorce n’est pas resté silencieux bien longtemps. S’il n’a rien dit dans l’hémicycle, il s’est en revanche tourné vers la presse. Dans une intervention sur la chaîne Public Sénat, relayée sur Twitter par Laurent Chemla, il est ainsi revenu sur cette affaire.
« Je n’ai pas participé aux débats parce que j’ai été interdit de parole. C’est curieux, je me suis battu le premier pour obtenir un débat, j’ai été vraiment je crois le premier parlementaire sur le sujet, et mon groupe a considéré que mes propos étaient de nature à ne pas aider le ministre », a-t-il lâché sur le plateau. Pas assez godillot, le sénateur Gaëtan Gorce ?
Je n’ai pas participé aux débats parce que j’ai été interdit de parole
Et l’élu de continuer : « je trouve cela ahurissant, j’en souris, parce que je commence à m’habituer ; dès qu’on fait preuve un peu de caractère et de liberté d’esprit, manifestement c’est mal vu ». Avis donc aux parlementaires : il convient de rentrer dans le rang. Et tant pis pour la qualité des débats parlementaires qui doivent pourtant servir à discuter des limites et des risques associées au fichier TES.
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