Lundi, Numerama relayait la publication sur son blog d’un billet de la sénatrice Marie-Christine Blandin (EELV), d’une certaine gravité, voire d’une gravité certaine. La présidente de la commission Culture du Sénat accusait en effet les lobbys favorables à la nouvelle loi Copie privée d’avoir fait pression sur elle, et surtout d’avoir fait manipuler la transcription des débats parlementaires pour faire croire à une unanimité. « Une petite main zélée a corrigé le compte rendu et effacé le vote d’André Gattolin et le mien ! Je suis stupéfaite« , écrivait-elle.

Le fait que la présidente d’une commission parlementaire dénonce ainsi les services du Sénat d’avoir trahi le contenu d’un débat sous la pression du lobby de l’industrie culturelle était une information qui méritait d’être relayée pour elle-même.

Ce faisant, nous avons commis une erreur atroce et impardonnable. Plutôt que de parler du compte rendu officiel publié par le Sénat, nous avons parlé d’un compte rendu publié « au Journal Officiel ». Horreur et damnation. Quels imbéciles sommes-nous ! Cette petite erreur de terminologie, qui fera sursauter les constitutionnalistes zélés, a rendu bien service à Marie-Christine Blandin.

Réalisant trop tard qu’elle avait commis une bourde monumentale en accusant les services du Sénat, alors-même qu’elle n’est plus dans l’opposition mais bien dans la majorité sénatoriale, et que sa fonction de présidente devait l’inviter à la prudence et à la réserve, Marie-Christine Blandin a publié sur son blog un rectificatif.

« L’administration, interpellée par le cabinet, suite à la publicité du problème d’une non transcription des votes écologistes, a cherché la faille. Elle est différente de l’entrisme d’une pression extérieure« , reconnaît-elle. En clair, elle s’est lamentablement plantée en accusant les services du Sénat d’avoir cédé aux pressions de lobbys, alors que l’explication était toute autre. « Les compte rendus synthétiques reprennent les votes des groupes. Or André Gattolin et moi, écologistes, sommes encore pour quelques semaines  » rattachés administratifs  » au groupe socialiste, dont les membres se sont abstenus« .

Voilà une théorie du complot qui part à l’eau, et une présidente de commission sénatoriale dont la crédibilité est sérieusement atteinte.

Mais pour se raccrocher aux branches et trouver un bouc émissaire, Marie-Christine Blandin a souhaité commencer son billet avant toute explication en attaquant Numerama et son « travail non journalistique », comme si nous étions, nous, responsables de sa bévue :

La planète geek s’est emparée du récit de nos difficultés à faire valoir un amendement dans le débat sur la rémunération pour copie privée. Elle s’en est emparée avec le dynamisme et la rapidité qui la caractérise, mais aussi avec les approximations qui sont liées à un travail non journalistique. C’est ainsi que Numerama parle d’un compte rendu inexact au  » journal officiel « . Il n’y a jamais eu de compte rendu des commissions au journal officiel, ce support n’existe que pour les séances publiques, dans l’hémicycle.

Aussi, Marie-Christine Blandin, soyez consciente de ceci : nous ne vous laisserons pas vous servir de Numerama comme de votre bouc émissaire, pour masquer votre propre turpitude. Lorsque l’on fait une erreur, il faut savoir l’assumer sans jeter l’opprobre sur l’autre en exploitant le moindre prétexte ridicule et grossier.

Dans votre premier billet, vous racontiez comment, le mercredi 14 décembre, une brochette de lobbyistes aurait débarqué dans votre bureau pour faire pression sur vous. « Comme nous, écologistes, avons dit que nous représenterions en séance publique, sans espoir, mais pour nos convictions, notre amendement, se présentent à quinze heures dans mon bureau (les différents lobbyistes)« , racontiez-vous.

Or, selon nos informations, obtenues cette fois par un travail journalistique, les lobbyistes que vous citiez avaient demandé et obtenu ce rendez-vous dès le début du mois de novembre. Ils n’ont donc pas débarqué dans le bureau de la sénatrice sans y être conviés ou par réaction à la présentation de l’amendement, comme le laissait entendre votre récit.

Mais sans doute la probité et la précision ne doivent-elles s’imposer qu’aux journalistes, et non aux élus de la République.

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