Les rencontres organisées ces derniers mois à Moscou et à Pékin ont permis le rapprochement de la Russie et de la Chine en matière de contrôle numérique. Le Kremlin a ainsi pu déployer, ce mois-ci, une législation qui lui confère des pouvoirs de contrôle très étendus sur le réseau national.
Ce changement s’est manifesté récemment avec l’interdiction remarquée du réseau professionnel LinkedIn en Russie ou encore par l’introduction de la loi Yarovaya, qui impose aux entreprises de télécommunication à conserver les données de leurs internautes pendant 6 mois et leurs métadonnées pendant 3 ans. Des mesures prises pour éviter que la population puisse se mobiliser et propager des idées jugées dangereuses par les autorités russes.
La Russie prend ainsi modèle sur la Chine, son partenaire privilégié, pour renforcer sa stratégie de contrôle numérique. Les deux États ont déjà organisé un forum annuel de cybersécurité à Moscou en avril, au cours duquel les haut représentants du gouvernement russe ont rencontré leurs homologues chinois. Lu Wei, chef du bureau gouvernemental d’information numérique de Chine, Fang Binxing, père du « Grand Firewall » chinois, et Igor Shchyogolev, conseiller de Poutine en matière de numérique, étaient présents.
Le président russe s’est aussi rendu à Pékin en juin dernier pour signer un accord de partenariat numérique avec la Chine, seul pays, en raison des tensions russes avec le reste du monde occidental, à pouvoir lui fournir de nouvelles ressources technologiques.
Huawei, le fameux constructeur de mobiles chinois, est très présent dans ce genre de négociations, qu’il sponsorise. En août, l’entreprise avait été évoquée comme potentiel fournisseur des centres de stockage de données convoités par la société d’équipement de télécom russe Bulat.
Huawei, une extension de l’État chinois ?
Gordon Chang, un juriste américain d’origine chinoise, va même plus loin : « Huawei est en réalité une extension de l’État chinois, quel que soit son patron. Ses origines sont floues, sa croissance beaucoup trop rapide pour une entreprise privée chinoise, les responsables publics la soutiennent, et l’absence de toute concurrence d’entreprises publiques sont autant d’indices ».
Une source de l’industrie russe de l’information technologique avoue quant à elle au Guardian : « La Chine reste notre unique allié sérieux, notamment dans le secteur informatique. Nous nous appuyons énormément sur la technologie chinoise ».
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