Toute la journée du mercredi 18 janvier a été placée sous le signe du blackout sur l’Internet américain. L’opération, qui avait pour mission de prévenir les Américains sur le contenu des lois PIPA et SOPA, a été un succès sur le plan médiatique. Du côté politique, les deux textes sont encore dans la course. Mais les soutiens se raréfient.

Le mercredi 18 janvier restera longtemps dans la mémoire des internautes américains. Déterminés à marquer leur désaccord à l’égard des lois anti-piratage SOPA et PIPA, actuellement examinées par le Congrès des États-Unis, de nombreux sites web se sont drapés de noir afin de montrer symboliquement à quoi ressemblerait le net sous le joug de nouvelles lois conçues pour contrer le piratage et la contrefaçon.

Si l’on en croit les premiers retours, l’opération a été une franche réussite sur le plan médiatique. Des millions d’Américains ont été sensibilisés par les mises en garde relayées par des dizaines de sites, dont certains sont extrêmement fréquentés : Google, Flickr, Reddit, ou encore Wikipédia, pour ne citer que les plus connus. Selon Sopa Strike, plus de 75 000 adresses ont participé à la protestation virtuelle.

Sur Wikipédia, qui a fermé les portes de sa version anglophone pendant 24 heures, plus de 162 millions de personnes ont été touchées par le blackout. Un succès. De son côté, Google a lui aussi été déterminant dans la mobilisation. Sur le seul compteur de Google+ indique que la page « End Piracy, Not Liberty » a été partagée plus de 130 000 fois.

Mais Google étant le moteur le plus fréquenté au monde, l’impact a été forcément gigantesque. Sur Google+, le géant de la recherche rapporte, via Derek Slater (responsable politique au sein de l’équipe Google en charge des affaires publiques), qu’à 21h19, plus de 4,5 millions d’internautes ont signé la pétition contre SOPA et PIPA et que la page dédiée a été vue plus de 13 millions de fois.

À côté des manifestations virtuelles, il faut aussi noter la participation concrète d’internautes. Wikipédia fait savoir par exemple que pas moins de huit millions d’internautes américains se sont rendus sur la page regroupant les coordonnées qui permettent d’entrer en contact avec les élus. Si tous les internautes n’ont pas toujours appelé ou envoyé un mail, on peut supposer qu’ils ont été très nombreux à le faire.

L’Electronic Frontier Foundation (EFF) a justement indiqué que les internautes ont envoyé plus d’un million de messages à travers son dispositif de riposte. Plus de 250 000 individus ont participé à la campagne via le site de l’ONG américaine. Et il ne s’agit là que de quelques données ; la mobilisation via les réseaux sociaux (Facebook et Twitter notamment) a sans aucun doute touché encore plus de monde.

L’opération Blackout a donc été une réussite sur le plan médiatique. Sur le terrain politique en revanche, la bataille n’est pas encore gagnée. Les lois PIPA et SOPA sont loin d’être enterrées, même si la tombe est d’ores et déjà creusée. Preuve en est, les élus commencent à retirer leur soutien : Torrentfreak et Politico signalent ainsi la reculade de sept parlementaires, tandis que l’EFF évoque le retrait de 13 élus.

Tout n’est pas encore terminé. Selon le calendrier législatif américain, le projet de loi SOPA arrivera devant la Chambre des représentants au cours du mois de février. De son côté, le parlementaire Patrick Leahy, soutien politique du projet de loi PIPA, espère obtenir un vote favorable du parlement le 24 janvier prochain. Il incombe donc aux citoyens américains de continuer à mettre la pression sur leurs élus.

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