17 heures de cours en première S pour apprendre la 1ère guerre mondiale, la seconde guerre mondiale sur ses différents théâtres d’opération en Europe et en Asie, la guerre froide, la guerre du viet-nam, et les « nouvelles conflictualités » comme la guerre du Golfe, Sarajevo, ou le 11 septembre 2001. C’est l’impossible défi, qui n’est qu’un exemple parmi d’autres auxquels sont livrés enseignants et élèves. Dans son grand discours sur l’éducation, François Bayrou a proposé samedi de remettre à plat les programmes et les rythmes scolaires, en instituant le « apprendre à apprendre » grâce notamment à Internet. Une révolution scolaire ?

François Bayrou a présenté samedi son programme pour l’éducation, à travers un ensemble de 30 orientations « pour que la France entre, en cinq ans, dans les dix premières nations du monde pour la qualité, la réputation et l’efficacité de son système éducatif« . Le candidat du Mouvement Démocrate a insisté à cette occasion sur la surcharge des heures de cours et (surtout) sur la surcharge des programmes scolaires, en expliquant au détour d’une phrase qu’Internet devait peut-être inciter à changer la manière d’enseigner.

« Je crois qu’il est trop d’heures de cours dans la semaine moyenne du plus grand nombre des élèves« , a-t-il jugé, expliquant que certains avaient jusqu’à 37 heures de cours par semaine, au collège ou au lycée. « Ce n’est pas par l’accumulation des heures de cours que se construit le travail chez l’élève. Mieux vaudrait en un nombre d’heures plus restreints de cours transmettre davantage de méthodes d’apprentissage, d’apprendre à apprendre, ce que l’élève pourrait ensuite valoriser y compris dans un travail individuel libre, puisque nous sommes par exemple entrés aujourd’hui dans le monde Internet« .

L’air de rien, c’est une petite révolution culturelle qu’amorce François Bayrou. L’école a toujours été, université mise à part, le lieu de l’injection du savoir. C’est celui où l’on apprend par coeur, des choses que souvent l’on oublie au bout de quelques années, voire de quelques mois ou même quelques semaines. Avec Internet et plus encore l’internet mobile, avec Wikipedia et Google, mieux vaut des têtes bien faites que des têtes bien pleines. La connaissance n’est plus ce qui valorise l’individu. C’est la capacité d’accéder aux connaissances, de les trier et de les utiliser qui distinguera les meilleurs élèves. L’école doit en prendre conscience et s’adapter.

« Internet, la meilleure et la pire des choses »

Il faut donc, selon François Bayrou, apprendre à apprendre à se servir d’Internet. « Je pense qu’Internet est la meilleure chose du monde pour un esprit construit et actif, et la pire pour un esprit inconstruit et passif« , a déclaré le candidat à l’élection présidentielle, pastichant la langue d’Esope. « Ce que je crois profondément, c’est qu’il n’est d’apprentissage qu’actif, et que le copier-coller est de nul effet, ne sédimente pas un savoir« .

Paradoxalement, le député centriste n’applique pas le même raisonnement au calcul mental, un « art civique » dont beaucoup estiment qu’il est devenu inutile avec les calculatrices qui sont même aujourd’hui dans nos téléphones mobiles. « Je crois que le calcul mental est le seul qui vous offre l’autonomie, les ordres de grandeur, le jugement« , défend-t-il, en assurant que les Français s’ils étaient étaient mieux éduqués en calcul mental aurait eu une meilleure idée de ce que la dette publique représente « mille huit cent fois mille millions d’euros« .

Dans ses 30 orientations, François Bayrou a par ailleurs adressé la question des outils numériques d’apprentissage. L’éducation numérique, « c’est très important pour l’avenir« , a-t-il insisté. « Il y a là un gisement de progrès considérable. Et en même temps, je veux dire qu’il n’y a pas d’éducation qui soit déshumanisée, pas d’éducation qui soit entièrement dématérialisée. Ces ressources de ce que l’on appelle le « e-learning » sont pour l’avenir, en même temps un énorme enrichissement des possibilités de formation et de découverte, et un univers qu’il nous faut apprendre« , dit-il. On se souvient qu’aux Etats-Unis, l’expérience la plus avancée fait peser un doute inattendu sur les résultats du e-learning. François Bayrou se garde donc de toute proposition concrète en la matière, se contentant de proposer une « réflexion générale sur la coopération entre l’enseignement numérique et l’enseignement classique traditionnel dans les classes« .

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