L’anonymat sur la toile vit très probablement ses derniers jours en Chine. Selon les informations obtenues par l’agence France presse, les autorités comptent interdire définitivement l’utilisation des pseudonymes à partir du 16 mars prochain. Ceux qui ne renseigneront pas leur véritable identité ne pourront tout simplement plus envoyer de messages, faire suivre des billets ou écrire des notes.
Un micro-blogueur ne voulant pas décliner son identité sera, à partir de cette date, privé de certaines fonctionnalités. Il pourra toujours naviguer et lire la prose des internautes chinois ayant accepté les nouvelles consignes du pouvoir, mais il ne pourra plus participer activement à la discussion. Il se contentera d’être un lecteur passif au lieu d’être un contributeur actif.
Selon l’AFP, la nouvelle mesure semble pour l’heure circonscrite à la municipalité de Pékin. Seuls les internautes détenteurs d’un compte de microblogs enregistré dans la capitale sous un nom d’emprunt ne pourront plus envoyer de messages. En théorie, c’est un changement qui touche tout de même près de 19,6 millions d’habitants, selon le recensement 2010 survenu dans la municipalité.
Il est néanmoins question d’étendre rapidement ce dispositif à Shanghai, Guangzhou et Shenzhen. En effet, ces trois villes et la capitale concentrent la très grande majorité des services de micro-blogging a un siège dans l’une de ces quatre communes. Cumulée, la population de ces quatre localités atteint plus de 65 millions d’habitants, soit peu ou prou la même population que la France.
Les nouvelles règles édictées par le pouvoir ont commencé à être appliquées à partir du mois de décembre 2011. À l’époque, ouvrir un nouveau compte sur les sites de micro-blogging ne pouvait se faire qu’à la condition de s’identifier avec sa véritable identité. L’ultimatum du 16 mars vise manifestement à obliger ceux ayant créé un compte avant décembre à rentrer dans le rang.
Pour les autorités chinoises, ces restrictions nouvelles doivent mettre un frein à la liberté d’expression qui se développe à mesure que les réseaux sociaux et les sites communautaires prennent de l’ampleur dans le pays. Nombreuses sont en effet les plates-formes qui servent désormais comme exutoire pour protester contre les injustices sociales, le filtre médiatique ou la violence étatique.
La Chine craint surtout la structuration d’une opinion publique qui pourrait remettre en cause son avenir politique et son « développement harmonieux ». Il est donc primordial pour elle de garder la maîtrise des informations circulant sur la toile. Mais au regard du nombre faramineux d’internautes, la Chine ne peut plus tout contrôler, tout surveiller, tout filtrer a priori.
Le gouvernement est donc contraint d’accentuer aussi la pression a posteriori, en pariant sur le fait que l’obligation de publier des contenus sous sa vraie identité dissuadera les internautes de mettre des informations litigieuses, afin de ne pas avoir de problème avec l’Etat. Car dans le cas contraire, il sera facile de remonter jusqu’à la source des messages problématiques.
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