Pour Edward Snowden, la collecte toujours plus importante, sur Internet, des données personnelles de chacun par de grandes entreprises (Facebook, Google…) représente une menace de plus en plus importante contre nos libertés individuelles : « Nous devons réfléchir à échelle mondiale et pas seulement au contexte local ou national. »
Le lanceur d’alerte et ex-employé de la CIA et de la NSA, exilé en Russie depuis qu’il a révélé, en 2013, le vaste programme de surveillance américain, a longuement abordé ce sujet pendant sa session de questions-réponses à distance avec des internautes, animée par Jack Dorsey, le patron de Twitter, mardi 13 décembre.
Sur la question de la surveillance gouvernementale, Edward Snowden fait bien la différence entre les deux types de collecte possibles dont le public fait l’objet : les métadonnées — durée de l’appel, identifiant du correspondant… — ou le contenu des conversations. Selon lui, les risques sont beaucoup plus grands avec les métadonnées : « Elles sont bien plus dangereuses et intrusives puisqu’elles peuvent être interprétées à large échelle. »
À ses yeux, le déséquilibre de pouvoir entre les citoyens et leurs dirigeants ne cesse de tourner à l’avantage des seconds. Alors que le gouvernement peut en savoir toujours plus sur la vie privée de ses administrés, le public, lui, en sait de moins en moins sur ses dirigeants : « Nous n’avons même pas accès à leurs déclarations d’impôts ».
Comment rendre leur identité aux citoyens ?
Mais le danger provient aussi des entreprises privées qui exercent une situation de quasi-monopole dans le monde. « Avant, vos convictions, votre avenir, vos espoirs et vos rêves vous appartenaient. Désormais, ces choses appartiennent de plus en plus à des entreprises, qui peuvent les partager comme elles le souhaitent, sans commettre beaucoup d’erreurs » poursuit Snowden.
Le lanceur d’alerte reste conscient qu’il est impossible d’empêcher ces grandes entreprises de collecter des données sur leurs utilisateurs, mais celles-ci devraient selon lui être contrôlées directement par les principaux concernés. D’où une question centrale pour l’avenir : comment rendre leur identité aux citoyens ?
Snowden évoque le potentiel d’un outil technologique « qui ne pourrait pas être intercepté, ni censuré, ni contrôlé et qui serait disponible dans le monde entier » pour créer une « structure de liberté » tout autour du globe.
Snowden défend une stratégie différente de Facebook et de Google contre la désinformation
Pendant son intervention quasiment longue d’une heure, Edward Snowden a également abordé la question de la désinformation sur Internet, au cœur des débats depuis la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle. La stratégie de suppression d’articles litigieux suivie par Google et Facebook ne le satisfait pas totalement à cause des politiques restrictives — voire de censure — de certains pays sur la liberté d’expression, qui font planer un risque d’excès évident.
Il appelle plutôt à une autre solution : « Le problème de la désinformation ne se résoudra pas avec l’intervention d’un arbitre, nous devons plutôt, en tant qu’utilisateurs de ces outils, nous entraider. Discutons, partageons et mettons en avant ce qui est vrai : la réponse aux mauvais discours c’est d’avoir plus de discussions. Il faut qu’on raisonne de manière critique et qu’on propage l’idée que cela est plus important que jamais. »
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