Comment tuer tout débat de fond sur un projet de loi très controversé ? En prêtant des intentions plus que douteuses aux individus opposés au texte, afin de mieux susciter l’indignation de l’opinion publique et obtenir son soutien. C’est justement ce qu’a fait le ministre canadien de la sécurité publique, Victor Toews, en mettant tout simplement les opposants dans le même sac que les amateurs de pornographie enfantine.
Interpellé par un élu de l’opposition, Francis Scarpaleggia, le ministre a dégoté l’argument massue pour justifier le projet de loi et tuer toute critique : la pédopornographie. Vous pouvez « être avec nous ou avec les pédopornographes » a ainsi déclaré le ministre, cité par The Star, laissant entendre que la moindre réserve pourrait être interprété comme un soutien passif à ces criminels.
Une insinuation qui a évidemment suscité l’ire dans les rangs de l’opposition, à l’image d’Elizabeth May, la chef de file du Parti vert au Canada. « Apparemment, si vous vous souciez des libertés civiles dans ce pays, vous êtes forcément du côté des pédopornographes, des meurtriers » a-t-elle vitupéré. « Je suis horrifiée par ce genre de réthorique. Cela nous rabaisse tous« .
Selon Open Media, le texte en question porte sur la surveillance électronique des internautes. Avec cette loi, les autorités canadiennes pourront obtenir des informations précises sur ces abonnés, sans contrôle de l’ordre judiciaire. Cela concerne à la fois les accès filaires mais également les abonnements mobiles. Pour Open Media, cela ouvre la voie à l’espionnage des courriers électroniques et autres communications privées.
« Ces actions sont en rupture radicale avec nos mesures de protection existantes et menacent réellement la sécurité de nos communications personnelles et de nos informations financières, faisant de nous tous des cibles potentielles de la cybercriminalité » poursuit le site, qui a mis en ligne une pétition pour manifester le désaccord des Canadiens avec les projets du gouvernement.
Cette surveillance a évidemment un coût et il n’est visiblement pas question pour le gouvernement ou les opérateurs canadiens d’en supporter la charge. « Les FAI seront forcés d’installer des technologies d’espionnage et évidemment les coûts de plusieurs millions de dollars vous seront retransmis« , mettant ainsi en péril un « Internet ouvert et abordable« .
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