La mobilisation des chauffeurs VTC initiée jeudi par des chauffeurs mécontents de la nouvelle politique tarifaire de l’entreprise américaine se poursuivait ce matin.

Hier matin, porte Maillot, à Paris, ils étaient près de deux cents chauffeurs Uber à s’être réunis pour exiger, parmi plusieurs revendications, une meilleure rémunération. Le mouvement n’est pas seulement parisien, puisqu’en province aussi, les chauffeurs souhaitent aboutir à une relation jugée plus équitable avec leurs « partenaires », les plateformes numériques.

Les chauffeurs veulent dénoncer ce qu’ils considèrent comme une humiliation

Et contrairement aux années passées, les chauffeurs sont désormais mieux organisés, à défaut d’être totalement unis. Le SCP-VTC, affilié à l’UNSA, réunit des troupes nombreuses et parvient à mener un vrai dialogue entre les professionnels, qui se rencontrent souvent pour la première fois, la vie de chauffeur VTC étant rythmée par la solitude.

Ici, ils ne sont pas collègues mais tous clients et partenaires des mêmes plateformes. Cet état de fait complexe aurait pu dissuader ces chauffeurs de s’organiser en syndicat, mais l’union s’imposait à leurs yeux pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme « une humiliation ».

Côté CFDT, remarquée pour avoir amorcé un dialogue avec le géant américain, on conseillait aux chauffeurs de se « déconnecter » plutôt que de se mêler aux manifestations.

Uber-drivers

Aujourd’hui, la situation semble critique, notamment du côté d’Uber. Alors que la journée d’action était en pleine préparation, les chauffeurs ont appris que la startup modifiait sa politique tarifaire. Uber a certes augmenté le prix des courses mais il a également augmenté sa commission. Une pilule qui passe mal auprès des chauffeurs, qui jugent ces changements aussi illogiques que punitifs pour eux.

3,75 € de l’heure ?

Les conducteurs en veulent également aux géants qui, selon eux, « les déconnectent arbitrairement » en les excluant de l’application. Une plainte qui revient régulièrement chez les manifestants. Avec les notes des clients, et sans autres forme de procès, les professionnels peuvent perdre du jour au lendemain l’accès à l’application qui leur permet de payer leurs factures. « Nous n’avons même un droit de réponse après une déconnexion… » explique Jean Luc Albert, d’Actif VTC.

Enfin, tous ont en tête leurs gains à la fin du mois. Ils déplorent les frais des locations de voitures, les commissions, l’essence, et même les bouteilles d’eau qui réduisent les profits des chauffeurs à vue d’œil. Un chiffre revient souvent : 3,75 € de l’heure. Ce serait selon eux, en moyenne, ce que leur rapporte un travail qui correspond pour beaucoup à leur seul revenu perçu.

La tension monte d’un cran

Hier, en fin de journée, les manifestants n’avaient pas obtenu gain de cause. Ils ont donc décidé de poursuivre leur mobilisation ce matin en organisant notamment des blocages autour des aéroports parisiens.

Et le ton semble monter, notamment contre les chauffeurs qui sont allés travailler. Un manifestant joint au téléphone déplore : « D’un côté les taxis sont solidaires et organisés, ils obtiennent tout ce qu’ils veulent, et nous qui n’avons rien, nous ne sommes mêmes pas solidaires. »

Le préfet délégué aux transports a ainsi évoqué certaines attitudes de grévistes particulièrement virulents : « Le comportement de certains chauffeurs de VTC obligeant des clients de VTC ou taxis à descendre du véhicule, parfois brutalement, provoquant la peur des passagers sont inadmissibles et discréditent leurs auteurs. » De nombreux tweets et plaintes de clients auprès d’Uber évoquent des situations similaires.

L’entreprise a fait entendre qu’elle refuserait de négocier dans ces conditions : « Face à des telles violences et menaces, les conditions d’une discussion ne sont en aucun cas réunies. » Les syndicats, de leur côté, étaient reçus par le secrétaire d’État au Transport en fin de matinée.

Chez Uber, on se justifie en expliquant que la dernière hausse des tarifs permettra de mieux payer les chauffeurs. Ce vendredi, pendant la mobilisation de ses chauffeurs, le géant américain organisait en région parisienne le UberPitch, un concours de startup pour les zones prioritaires, organisé depuis un moment.

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