C’est la première fois que le site publie des documents obtenus non pas grâce à une source confidentielle, mais grâce à un hacking. Wikileaks a annoncé lundi avoir commencé la publication des 5,5 millions de courriels obtenus par Anonymous sur les serveurs de la firme américaine de renseignement et d’analyse stratégique Stratfor. Ils sont datés de juillet 2004 à décembre 2011.
Les documents avaient été obtenus en fin d’année dernière par Anonymous. Sur Twitter, @AnonymousIRC, qui représente l’un des mouvements Anonymous les plus actifs et les plus suivis, revendique la paternité de la publication. « Nous vous avions promis ces e-mails et désormais ils vont enfin être livrés. Cinq millions (c’est 5.000.000) d’e-mails pour votre plaisir« , écrit-il. « Nous acceptons volontiers les excuses de ceux qui assuraient qu’il n’y aurait rien de sale dans ces e-mails« .
« Nous espérons simplement que l’importance de ces courriels sera reconnue« , ajoute le compte anonyme, qui signe #AntiSec, du nom du groupe de hackers qui avait beaucoup fait parler de lui l’an dernier.
Pourtant en juillet 2011, AntiSec s’était associé à Anonymous pour lancer HackerLeaks, qui se voulait alors un concurrent de Wikileaks, justement dédié à la publication de documents obtenus grâce au hacking. Le site semble depuis avoir disparu.
Pour débuter, Wikileaks a publié une première sélection de 167 e-mails. Comme avec les câbles diplomatiques, Wikileaks a choisi de s’associer à des rédactions de journalistes pour effectuer le tri et l’analyse des données, dont celles de Owni en France, Rolling Stone aux Etats-Unis, La Republica et L’Expresso en Italie, The Hindu, ou encore les Yes Men. Les courriels seront publiés à mesure de leur exploitation par les médias partenaires.
Selon Owni, qui publie une première enquête, les documents de Stratfor décrivent « les petits secrets de cette société très particulière, basée à Austin au Texas, fondée en 1996« . « Autour d’elle gravitent d’anciens agents secrets, d’ex-diplomates, des militaires en retraite, ou des fonctionnaires en poste soucieux de préparer leurs vieux jours (…) À terme, l’exploitation de la base de données constituée par WikiLeaks devrait mettre à jour les procédés de fabrication du renseignement privé, facturé par Stratfor aux plus offrants dans des proportions industrielles (à des entreprises comme à des administrations, dans le monde entier), et qui entretient des liens pour le moins ambigu avec les services étatiques« .
Pour Wikileaks, les documents démontrent l’existence de liens incestueux entre Stratfor et des firmes privées comme l’Américain Lockhee Martin, l’Indien Dow Chemical Co., la banque Goldman Sachs ou des agences gouvernementales comme le Département d’Etat, les services de sécurité intérieure américain, les Marines, ou la Défense. « Les e-mails démontrent la toile d’informateurs de Statfor, leur structure de rémunération, les techniques de blanchiment des paiements, et des méthodes psychologiques » employées sur certaines cibles pour obtenir des informations.
Les documents évoquent aussi l’enquête sur Wikileaks, avec plus de 4 000 e-mails mentionnant Wikileaks ou son fondateur Julian Assange.
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