S’il n’aura pas lieu avant de très nombreux mois, le procès de MegaUpload promet déjà d’être tendu. Aidé par sa fortune personnelle, Kim Dotcom a monté autour de lui une équipe d’avocats de haut niveau pour le défendre aux Etats-Unis, et le chef d’entreprise n’hésite plus à livrer les premiers éléments de sa défense. Il assure pouvoir répondre point par point à quasiment tous les éléments à charge présents dans l’acte d’accusation monté par le procureur américain, et va jusqu’à dessiner les contours d’un complot politique.
Dans un entretien téléphonique accordé à TorrentFreak, Kim Dotcom (qui n’a plus le droit d’aller sur Internet) revient en effet sur quelques uns des points révélés dans le dossier des autorités judiciaires, pour donner sa version des faits.
On l’accuse d’avoir mis en ligne un MP3 de 50 Cents sans autorisation ? Il répond qu’il avait acheté le morceau, qu’il ne faisait que tester une fonctionnalité de MegaUpload en envoyant un mail de test à son directeur technique, et que le fichier n’a jamais été téléchargé. Il ajoute que ça date de 2006, et que c’est donc de toute façon prescrit.
On l’accuse d’avoir piraté du Louis Armstrong ? Il assure que c’est un fichier qu’un co-accusé lui avait envoyé par e-mail.
On l’accuse d’avoir écrit dans un e-mail interne qu’il refusait de lever une limite de 5000 suppressions de fichiers par jour par Warner Bros via les outils mis à la disposition du studio ? Il répond que la limite est passée quelques jours plus tard à 100 000 fichiers, et que c’était largement suffisant. Qu’en tout, Warner a supprimé plus de 1,9 millions de fichiers, ce qui en faisait le 1er suppresseur de fichiers. Et que de toute façon, la loi ne l’obligeait pas à fournir un tel outil.
On l’accuse de ne pas avoir supprimé et bloqué toutes les redondances d’un même fichier, lorsqu’il supprimait simplement un lien permettant de télécharger l’une des copies ? Il répond, là aussi, que ça aurait été aller plus loin que les exigences de la loi.
« Ces exemples sont juste la pointe émergée de l’iceberg. Selon Dotcom, il peut réfuter pratiquement chacune des accusations présentes dans l’acte de mise en examen« , relate TorrentFreak.
Mais pour le moment, Dotcom ne répond pas à la principale accusation qui fonde l’essentiel de la procédure pénale. MegaUpload est en effet accusé, exemples à l’appui, d’avoir financé en toute connaissance de cause l’upload de fichiers piratés. Le FBI a découvert des e-mails dans lesquels MegaUpload décidait des sommes à verser aux « uploaders » pour l’envoi de DVDRips, de films pornographiques ou de générateurs de clés warez. S’il arrive à s’en expliquer ou à faire tomber ces preuves en jouant sur un vice de procédure, tout le dossier pourrait tomber. Mais pour le moment, le dossier de l’accusation reste solide.
En revanche, MegaUpload entend bien faire de son procès un procès politique, pour mettre de son côté l’opinion. Kim Dotcom rappelle à TorrentFreak les liens très étroits entre l’administration Obama et les lobbys du cinéma qui ont porté assistance au FBI pour mener l’enquête, avec des recrutements dans les deux sens (par exemple, le patron de la MPAA est un ancien sénateur, et la MPAA a engagé récemment des membres de l’administration qui travaillaient pour le ministère de la Justice, la Maison Blanche et le Sénat).
Il note, aussi, voire surtout, que le rédacteur de l’acte d’accusation, le procureur Neil MacBride, est vice-président en charge des questions anti-piratage à la Business Software Alliance (BSA), le lobby américain de l’industrie du logiciel. Il avait été nommé procureur par le président Barack Obama, en 2009.
Pour Kim Dotcom, l’affaire MegaUpload servirait donc d’instrument électoral pour livrer un bilan de la lutte contre la piratage avant les élections de novembre 2012.
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