Un tribunal égyptien a ordonné le blocage de tous les sites web pornographiques accessibles depuis l’Égypte, au motif que leurs contenus troublent la cohésion de la société et le correspondent pas à ses valeurs.

L’Égypte va devoir encore parcourir un long chemin avant de rattraper les standards occidentaux en matière de libertés fondamentales. Si la population est parvenue à chasser Hosni Moubarak après 29 ans de pouvoir, le pays est loin d’être complètement libéré de ses entraves. L’armée continue de jouer un rôle très important sur la scène politique, tandis que les droits de l’Homme sont loin d’être respectés.

L’influence de l’islam est également un paramètre majeur à prendre en compte. Preuve en est, la récente décision de justice rendue par un tribunal du Caire. Celui-ci a ordonné le blocage des sites web pornographiques dans le but de préserver la cohésion et les valeurs de la société égyptienne. Religion d’État, l’islam s’oppose en effet à certaines formes de sexualité débridée.

Le jugement du tribunal du Caire survient dans un contexte un peu spécial. Le conseil suprême de l’armée a en effet désigné un haut dirigeant des Frères musulmans, issu de la vitrine politique du mouvement, à la tête de l’assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution égyptienne. De plus, le parlement est dominé par les mouvements islamistes, ce qui accentue la pression sur les laïques.

La décision de bannir les sites pornographiques pourra néanmoins faire l’objet d’une procédure d’appel. Il n’est toutefois pas précisé si celle-ci est suspensive, ce qui permettrait de retarder l’échéance du blocage. Le Huffington Post note qu’une décision similaire avait été prononcée il y a trois ans, mais qu’elle n’avait pas été appliquée au motif qu’une telle mesure n’était pas applicable, selon les autorités.

Alors que la loi islamique pourrait prendre de l’ampleur en Égypte, c’est tout le contraire qui semble se produire en Tunisie. Le parti islamique tunisien Ennahda a annoncé son intention de renoncer à introduire la charia dans la nouvelle Constitution. Toutefois, cette décision n’est pas dénuée de calculs politiques et la rue tunisienne est le théâtre d’affrontements entre laïques et religieux.

La Tunisie est également à la croisée des chemins en ce qui concerne la pornographie. Le mois dernier, la Cour de cassation a cassé l’arrêt de la cour d’appel qui avait ordonné la censure des sites pornographiques. Il faudra toutefois atteindre la tenue d’un nouveau procès. Pour l’avocat de l’Agence tunisienne de l’Internet, « le principe de la liberté d’expression et d’accès aux contenus » demeure.

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