Être une femme sur Internet, c’est s’exposer à des sollicitations indésirables voire à du harcèlement. Lauren Duca peut en témoigner : journaliste américaine auprès de Teen Vogue, un magazine de mode, elle a eu à faire ces jours-ci aux messages répétés d’un internaute qui s’est visiblement épris d’elle. Agacée par son insistance, Lauren Duca a fini par signaler l’importun à Twitter qui l’a banni provisoirement.
Sur son compte, Lauren Duca a publié plusieurs captures d’écran montrant l’ampleur du « délire » auquel elle a été confrontée : elle a non seulement reçu des messages privés lui demandant d’être sa copine, mais elle a aussi constaté un photomontage de la photo de profil de l’internaute, où elle et lui sont représentés de façon très proche, ainsi qu’une bannière dans laquelle plusieurs photos de la journaliste ont été collées.
Alerté par Lauren Duca, le site communautaire a donc suspendu temporairement le compte de Martin Shkreli, qui est donc l’identité de cet internaute. Son nom vous dit peut-être quelque-chose. C’est normal : c’est ce même Martin Shkreli qui s’est illustré en 2015 en augmentant de 5 400 % le prix d’un brevet sur un médicament entrant dans le traitement de plusieurs maladies graves (sida, malaria et toxoplasmose).
Les soucis de Lauren Duca ne se sont pas arrêtées là. Si Martin Shkreli a été banni, au moins pour un temps, la médiatisation de cette affaire a incité d’autres enquiquineurs à passer à l’action. Dans d’autres messages, la journaliste révèle avoir reçu des menaces, captures d’écran à l’appui, d’internautes affirmant qu’ils vont publier sur Internet de prétendues informations compromettantes.
La lutte contre le harcèlement est l’un des chantiers prioritaires de Twitter. Même si le réseau social est déjà actif sur ce dossier depuis plusieurs années, il lui reste encore un long chemin à parcourir avant que la plateforme soit globalement débarrassée de toutes les personnes causant du tort à autrui. En effet, même si le site communautaire a fait des progrès indéniables dans ce domaine, il y a encore des dérives graves.
Le cas le plus emblématique reste celui de Leslie Jones, une actrice afro-américaine qui a subi une campagne de harcèlement lors de la sortie de ce SOS Fantômes version féminine, du fait de son engagement politique sur certains sujets, comme Black Lives Matter, et aussi parce que beaucoup d’internautes se percevant comme les défenseurs de la pop culture n’ont pas toléré la relance d’un tel monument cinématographique.
L’affaire montre en tout cas que l’utilisation de sa véritable identité sur Internet peut causer quelques problèmes, notamment pour les femmes. Une récente étude relayée par Sophos et conduite par des membres du MIT Media Lab Center pour les médias civiques et du Berkman Center for Internet & Society à l’université Harvard s’est penchée sur le sujet et a ainsi mis en lumière un phénomène qui affecte notamment les minorités et les femmes.
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