Uber a longtemps remis à plus tard le partage de ses données en temps réel avec les villes et les administrations. Mais après une année 2016 marquée par les conflits, le géant obtempère et donne une mine d’or aux grands métropoles.

Lorsque les urbains pensent aux données qui importent le plus quant à eux, ils pensent rapidement à Google ou à Facebook. Et pourtant, loin de ce peloton de tête, d’autres données intéressent bien plus les villes que les services de renseignement. Et parmi ces données convoitées par la puissance publique, il y a bien sûr la carte mondiale et en temps réel de tous les déplacements des utilisateurs de l’application Uber à travers la planète.

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Un gigantesque repère d’informations et de données très personnelles sur les habitudes des urbains du monde entier. Avec autant d’entrées que la société a de chauffeurs qui enregistrent une course, l’historique des déplacements Uber est un des plus importants fichiers sur la circulation urbaine contemporaine.

Plus précises que de nombreuses études et surtout pleines d’enseignements sur les habitudes des urbains, les données d’Uber font rêver de nombreuses mairies. Sans parler des observateurs du trafic urbain, qui y voient une des plus efficaces carte crowdsourcée concernant les flux de véhicules dans les villes mondiales.

Une mine d’or de données

Pourtant, jusqu’à 2017, la société Uber semblait prendre ses données un peu à la légère — ou en bonne capitaliste. Elle les utilisait en interne pour cibler sa communication et optimiser son réseau de chauffeurs mais ces données n’ont jamais servi l’intérêt collectif. Comme de nombreuses startups, Uber avait une politique stricte sur celles-ci et considérait qu’elles étaient sa propriété exclusive en même temps qu’un garant de la confidentialité de ses clients.

Comme le rapporte le Washington Post, la société a déjà montré des visualisations de ces données mais seulement à des fins marketing, ce qui avait pu apparaître comme des opérations aussi opportunistes que malvenues. En effet, en 2012, la société s’était empêtrée dans les scandales de son initiative Ride of Glory, une idée malheureuse dans laquelle les données d’Uber étaient utilisées pour compter le nombre de coups d’un soir que l’application permettait.

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Aujourd’hui, la société voit les choses très autrement et compte bien donner aux municipalités les précieuses informations qu’elles attendent d’Uber. La startup a donc lancé son Uber Movement qui rend publiques les données de quatre villes : Washington, Boston, Manille et Sydney. Par ailleurs, la société promet qu’une douzaine d’autres métropoles ciblées par le programme verront leurs données être également mises en ligne.

Concrètement, cette fameuse base données Uber est très intéressante pour l’urbanisme et les administrations communales, car elles fournissent une évaluation permanente du trafic dans les villes grâce à de nombreux véhicules déployés. Alors que les municipalités ont déjà recours aux données GPS de leurs réseaux de bus, les données GPS de plusieurs centaines de véhicules dans une ville pourront aider à clarifier la connaissance des comportements routiers dans les agglomérations.

Or, si l’identité des passagers comme des chauffeurs restera l’exclusivité d’Uber, une vraie connaissance du trafic et des flux urbains va rapporter beaucoup aux urbanistes qui mettront les mains sur de telles données. Et pour la première fois depuis les débuts d’Uber, la société utilisera ses propres données pour d’autres intérêts que les siens.

Mais si cette fois-ci, une des entreprises du web a partiellement cédé aux demandes des acteurs publics, le débat concernant le droit de regard des états et des collectivités sur les données des entreprises n’est pas terminé. Airbnb est également très souvent sollicitée par les municipalités pour ses données concernant le logement. Pour le moment la startup se montre moins conciliante qu’Uber.

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