Le compte Twitter de l’Ambassade russe en Grande Bretagne est plutôt malicieux et se risque à toutes les audaces, quitte à n’avoir aucun scrupule à désobéir aux règles élémentaires de la diplomatie. Le compte fait à nouveau parler de lui et de ses tweets.

Le trolling serait-il un comportement politique dépassant les clivages nationaux pour réunir en un même sac ce qu’on appelle ici extrême droite, ailleurs suprématistes ou nationalistes ? Si être un troll ne fait pas de vous un supporter du Kremlin ou de Donald Trump, être un troll vous rapproche a minima de leurs méthodes.

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Les geeks se plaindront certainement de cet appropriation de leurs codes par des politiques et des idéologies, mais après la campagne numérique de Donald Trump, le monde du troll, et par extension celui du mème, se retrouve politisé comme jamais. Et aujourd’hui par exemple l’utilisation de Pepe The Frog est devenue intimement liée à M. Trump et aux mouvements suprématistes blancs. Reconnu comme un symbole de haine, la pauvre grenouille est devenue la cible à abattre, ce qui n’empêche pas — au contraire — les diplomates russes de trouver de bon ton de l’utiliser dans leur communication officielle.

140 caractères de diplomatie russe

Car sur le compte certifié @RussianEmbassy, on trouve parmi des communiqués de presse et des publications culturelles, des petits commentaires plutôt fameux sur la vie politique internationale. Le compte Twitter de l’ambassade russe se sert de cet accès privilégié pour publier des petites phrases à l’emporte-pièce comme le réseau social en 140 caractères en a le secret. Sur Obama, la NSA, ou encore Theresa May, l’ambassade ne cache pas ses inimitiés.

Après les sanctions de Barack Obama à l’égard de la Russie, l’ambassade traitait peu subtilement le président américain de lame duck (canard boiteux), une expression consacrée pour parler d’un élu en fin de mandat dont son successeur est déjà désigné.

Sur le même sujet, et avec les mêmes arguments, l’ambassade moque également les personnes qui estiment que la Russie pourrait être responsable du piratage du DNC. Pour l’ambassade ce sont forcément des Russia-bashers,

Enfin, le dernier événement en date concerne Theresa May, la première ministre du Royaume-Uni. Cette dernière serait inquiète, selon les médias nationaux, d’un rapprochement entre Washington et Moscou, une situation que ne manque pas de railler l’Ambassade. Avec un Pepe affichant son plus fallacieux sourire, les diplomates russes se font cinglant avec Mme May : « Aucune confiance dans le meilleur ami et allié de l’Angleterre ? [les États-Unis] »

Si ce sont des méthodes qui ont assurément permis la diffusion d’un message lors des élections américaines et que l’efficacité d’une communication aussi corrosive peut séduire, à quel moment devrons-nous rappeler que nous parlons de diplomatie, un sujet fort sérieux ? La même stratégie semble être employée par le président élu Donald Trump, avec plus ou moins de succès.

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