Plus on avance, plus le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) fait tomber les masques sur son envie de devenir demain le régulateur du net, comme il l’a été de la télévision et de la radio au 20ème siècle. Dans une interview à La Croix, le président du CSA Michel Boyon estime que l’on « ne pourra pas indéfiniment faire coexister un secteur régulé, celui de l’audiovisuel, et un secteur non régulé, celui d’Internet« , et plaide pour que son institution soit celle de référence pour imposer des règles à la circulation des contenus diffusés sur Internet.
Comme il l’avait déjà fait par le passé, Michel Boyon avance les deux motifs clés qui doivent selon lui légitimer l’octroi de compétences du CSA sur Internet : le développement des téléviseurs connectés qui créent une « menace pour l’équilibre économique des chaînes« , et la protection de l’enfance et des consommateurs.
Alors qu’il était né pour s’assurer que les ondes hertziennes qui appartient à tous et sont en quantité limitées soient utilisées dans le meilleur respect de l’intérêt général, le CSA s’est inventé depuis de longs mois de nouvelles justifications de son existence. Il estime être là pour servir le financement de la création audiovisuelle, ce qui paraît pourtant être davantage du ressort du CNC, et pour être le garant de la morale publique et de la protection de l’enfance sur tout ce qui est susceptible d’être vu sur un écran, quel que soit le mode de réception du contenu.
A cet égard, le CSA se prononce de nouveau clairement contre la neutralité des réseaux, en postulant qu’aucun rapprochement avec l’ARCEP ne pourrait avoir lieu sans la « condition (qu’il) garantisse la suprématie des contenus par rapport aux tuyaux« . En clair, les FAI devront accepter de filtrer les contenus voire de bloquer certains sites et services, en abandonnant l’idée qu’ils ne seraient que simples transporteurs de données.
Au prochain président de la République et à son gouvernement d’en décider.
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