En attendant la nomination du ministre de la Culture, François Hollande s’est trouvé un conseiller « médias/culture » qui officiera directement depuis l’Elysée, là où les plus grandes lois culturelles de l’ère Sarkozy ont été écrites. Ce sera David Kessler, qui lâche Les Inrockuptibles et la direction du Huffinpost Post français. Le Point rappelle son pedigree politique :
Ce conseiller d’État est rompu à l’exercice. Il avait déjà officié à Matignon du temps où Lionel Jospin était Premier ministre.
À 53 ans, il a écumé de nombreux postes dans l’audiovisuel public : directeur général du CSA, directeur du CNC de 2001 à 2004, directeur de France Culture (2005-2008), directeur général délégué de Radio France à l’époque de Jean-Paul Cluzel. Sans compter ses deux passages par France Télévisions au début de sa carrière, puis, entre 2004 et 2005, auprès du président Marc Tessier.
Auteur de plusieurs rapports sous Nicolas Sarkozy, David Kessler s’est aussi montré opposé aux opposants à l’Hadopi, ce qui n’augure rien de bon pour le sort de la riposte graduée (cette semaine, Numerama révélait déjà que la haute autorité a reçu le feu vert élyséen pour consommer son budget 2012).
Ainsi en décembre 2011, David Kessler avait été interrogé dans Le Journal des Arts, et se démarquait de l’opposition affichée en façade par les députés et la direction socialistes contre la loi Hadopi et sa mise en œuvre. Voici ce qu’il disait après avoir vanté sans nuances les mérites du très pro-Hadopi Jack Lang qui a « la qualité première d’un homme politique : savoir s’entourer » :
Je trouve qu’elle (la gauche, ndlr) s’est un peu désinvestie du champ culturel. Il y a quelques personnes qui continuent à y travailler, heureusement, mais ce n’est plus un sujet central de préoccupation, ce qui, à mon avis, est une erreur. Comme l’avaient bien vu Jack Lang et François Mitterrand, la culture a un rôle social et sociétal majeur. Je trouve que la pensée socialiste est un peu faible sur le sujet. Il ne suffit pas de dire qu’on est » contre « , contre Hadopi par exemple, encore faut-il faire des propositions. La question du droit d’auteur reste une question fondamentale : comment nourrit-on les artistes ? La démocratisation culturelle est un autre vrai sujet.
« La démocratisation culturelle est un autre vrai sujet »… comme si ça n’était pas exactement le même.
Par ailleurs à l’occasion d’un compte-rendu des Rencontres Cinématographiques de Dijon, PCInpact citait l’intervention de David Kessler, opposé à l’abrogation immédiate de la riposte graduée. « Egalement sur scène, David Kessler (…) a lui estimé que d’autres urgences législatives étaient à gérer avant de s’occuper du cas Hadopi, soulignant pour sa part la nécessité de réaliser un bilan de la loi, avant toute décision létale« .
(illustration : CC MEDEF)
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