L’association Internet Sans Frontières a lancé une initiative surprenante à l’occasion de l’entrée en bourse de Facebook, dont l’évaluation dépasse les 80 milliards d ‘euros. Elle estime en effet que le réseau social fondé par Mark Zuckerberg ne vaudrait rien sans les données des utilisateurs qui contribuent à l’enrichir, et demande que les droits des usagers de Facebook soient mieux défendus à travers la constitution d’un syndicat électronique (eSyndicat).
« L’entrée en bourse spectaculaire de Facebook n’augure rien de bon pour les contributeurs. Le modèle économique de l’entreprise basé sur l’exploitation commerciale de la vie privée va pousser le service dans un sens encore plus intrusif et liberticide« , redoute Internet Sans Frontières.
« Nos carnets d’adresses sont entièrement scannés par Facebook à travers notre téléphone mobile ou notre webmail. L’identication biométrique par défaut permet à Facebook de reconnaître logos et visages sur les photos sans que le contributeur n’ait donné son autorisation explicite et préalable. La situation est plus qu’alarmante : l’intrusivité et la perte de contrôle du contributeur atteignent des niveaux dramatiques« .
L’association ajoute que Facebook « permet à certains services gouvernementaux d’interroger sans limite nos données personnelles et nos vies privées pour les besoins des enquêtes, et peut même les leur transmettre sans notre contrôle et en contradiction avec les lois d’application territoriale européennes qui les protègent« .
Les syndicats d’usagers ne sont pas une nouveauté. Mais en général, ils se constituent lorsque ces usagers sont confrontés à un monopole qu’ils ne peuvent contourner. Il s’agit des syndicats d’usagers des transports en commun, des services des eaux, des parents d’élèves, de la Poste… beaucoup plus rares sont les syndicats constitués par les consommateurs pour se défendre face à un acteur privé.
L’initiative d’Internet Sans Frontières montre donc le poids qu’a pris Facebook, au point de donner aux internautes l’impression que le réseau social est devenu incontournable, à l’instar d’un monopole public. « Si ce réseau est devenu incontournable, c’est d’abord parce que 900 millions de personnes s’y sont inscrites et qu’il s’agit pour une partie de la population d’un espace de socialisation indispensable« , écrit d’ailleurs l’association.
C’est tout le problème que nous avions également soulevé au sujet de Google. Lorsqu’un acteur privé est devenu à ce point incontournable, il devient essentiel de prendre conscience de la responsabilité de simili-service public qui lui incombe. Reste que la constitution d’un syndicat d’usagers ne ferait que démontrer l’impuissance du législateur, à qui devrait revenir la charge d’empêcher les dérives dénoncées par ISF.
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