C’est sans aucun doute l’un des sujets les plus sensibles de l’industrie cinématographique. Plus encore que le téléchargement illicite, la chronologie des médias est une source permanente de tension chez tous les professionnels. Ces règles déterminent en effet l’ordre et les délais à respecter pour chaque mode d’exploitation souhaitant diffuser un film.
Selon la chronologie actuelle, définie par l’arrêté du 9 juillet 2009, la diffusion peut survenir entre 4 et 48 mois selon le mode d’exploitation. Les plates-formes proposant des vidéos à la demande par abonnement (SVOD) doivent attendre trois ans pour proposer des contenus. Le délai grimpe à quatre ans pour les services gratuits de vidéo à la demande.
Le délai imposé pour la SVOD, dont le fonctionnement rappelle les plates-formes musicales Deezer ou Spotify, est beaucoup trop long pour la rendre attractive. Cette contrainte, faite pour préserver Canal+ qui est le premier contributeur du cinéma en France, freine l’émergence d’offres attractives à l’image de Netflix aux États-Unis et grève le dynamisme de l’offre légale.
Les lignes pourraient toutefois évoluer dans les prochains mois. Tandis que le Festival de Cannes bat son plein, la nouvelle ministre de la culture Aurélie Filippetti a promis une « évolution » de la chronologie des médias. Si aucune précision n’a été fournie, il est question de réviser ces règles « dans la concertation, sans précipitation » car le gouvernement est attaché à cette chronologie.
Reste à voir quelle sera la marge de manœuvre sur ce dossier. Et quelle sera la portée de l’évolution. Car raccourcir le délai imposé aux services SVOD de quelques semaines ou de quelques mois n’aura vraisemblablement aucun impact tangible. Sans remise en cause profonde de ces règles, l’offre légale ne pourra pas se développer.
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