L’élection législative a déjà commencé. Depuis ce mercredi 23 mai et jusqu’au 29 mai, les Français établis à l’étranger peuvent voter par internet pour désigner les 11 députés issus de leurs circonscriptions, à partir d’un site internet dédié.
La démarche se veut volontaire, mais le ministère des affaires étrangères a inscrit d’office au vote par internet les deux tiers des 1,1 million d’électeurs inscrits sur les listes des Français de l’étranger, qui ont fourni une adresse e-mail à leur consulat. Les 700 000 électeurs concernés ont tous reçu les instructions leur permettant de voter par internet pendant la semaine précédant le vote traditionnel (les listes d’émargement seront imprimées après le scrutin en ligne, pour permettre à ceux qui n’ont pas voté sur internet d’utiliser l’urne traditionnelle dans leur consulat).
L’ensemble du système informatique de vote par internet a été sous-traité à des entreprises privées, y compris étrangères, et s’est drapé d’une opacité indigne d’une démocratie qui se veut exemplaire. L’arrêté ministériel qui encadre le vote par internet prévoit que ce système n’est audité que par un seul informaticien, désigné par l’Etat, dont l’indépendance est très mal garantie. Par ailleurs les rares candidats concernés qui demandent à contrôler le scrutin se sont vus refuser l’accès au code source du logiciel qui recueille les bulletins virtuels et les comptabilise, parce qu’il relève du secret industriel. Le contrôle du scrutin est tout simplement impossible.
Malgré l’opacité du système, de nombreux électeurs qui habitent loin des consulats ont choisi de recourir au vote par internet. Mais l’ouverture mercredi de l’urne virtuelle s’est accompagnée de problèmes techniques qui ont empêché nombre d’entre eux de voter.
Le Parti Pirate, qui présente quatre candidats dans les circonscriptions de l’étranger (et une centaine partout en France), a ouvert sur son site internet une plateforme permettant de recueillir les témoignages des électeurs concernés. Il en ressort que nombre d’électeurs ne peuvent pas voter, à cause d’un problème technique incompréhensible pour la plupart.
« Il s’est produit une erreur. Les certificats fournits ne forment pas une chaîne de certificats« , indique la plateforme, faute d’orthographe incluse. L’électeur n’en saura pas plus sur les raisons ou les moyens de résoudre le problème. Selon plusieurs témoins qui ont fait des tests, il semblerait que le problème vienne d’une incompatibilité de la plateforme de vote avec les versions les plus récentes de Java (donc potentiellement celles qui corrigent aussi des failles de sécurité).
« J’ai désinstallé Java 7 de mon ordinateur et j’ai installé Java 6.32 et miracle, j’ai pu me connecter et le serveur a dit que j’ai voté ce qui est correct« , raconte ainsi Jean-Jacques M. Même chose pour Lexis S., qui explique qu’il a enfin réussi à voter avec un ordinateur équipé de Java 6. Le site du ministère des affaires étrangères confirme, et précise que l’électeur dont l’ordinateur est à jour doit voter avec un autre ordinateur qui n’est pas à jour. Pourtant, Oracle liste nombre d’améliorations liées à la sécurité avec Java 7.
Pire, la page d’assistance technique du ministère va même jusqu’à conseiller de « désactiver momentanément l’antivirus » lorsque « certains antivirus sont configurés pour éviter l’exécution du code Java sur votre ordinateur« . Or la présence éventuelle de malwares qui modifieraient le vote saisi par l’électeur est justement l’une des préoccupations de ceux qui s’opposent au vote par internet.
L’un des candidats des circonscriptions de l’étranger, José Garson, a appelé au boycott du vote par internet. Il prévient aussi qu’il souhaite saisir le Conseil d’Etat pour faire annuler le scrutin.
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