Lors d’un discours prononcé au commandement des opérations spéciales, Hillary Clinton a reconnu l’existence d’une équipe au sein du département d’Etat chargée de contrer la propagande de la mouvance Al-Qaïda. Le piratage de sites web est l’un de ses moyens d’action.

La défiguration de sites web n’est pas l’apanage des seuls hacktivistes. C’est aussi une activité pratiquée par des services gouvernementaux, sur ordre du pouvoir politique. Au cours d’un discours devant les membres du commandement américain des opérations spéciales, Hillary Clinton a reconnu que ses services sont parfois amenés à altérer le contenu de sites web gérés par des membres de la mouvance Al-Qaïda.

La secrétaire d’Etat a ainsi évoqué une opération récente au cours de laquelle l’équipe mise en place a pu pénétrer sur les serveurs et placer une version modifiée des messages de propagande que publient régulièrement les partisans de la nébuleuse terroriste. À la place, ces sites ont affiché le bilan des morts au sein de la population yéménite suite aux attentats organisés par Al-Qaïda.

Et à entendre Hillary Clinton, ces changements ont leur petit effet sur le terrain. « Nous pouvons dire que nos efforts commencent à avoir un impact parce que des extrémistes font part de leur mécontentement et demandent à leurs sympathisants de ne pas croire tout ce qu’ils lisent sur Internet« , a-t-elle expliqué, sans rentrer davantage dans les détails.

Tout juste sait-on que cette équipe est composée de personnes parlant le somali (Somalie, Éthiopie, Djibouti, Yémen), l’ourdou (Pakistan, Inde) et l’arabe. Selon Hillary Clinton, le groupe est notamment actif sur les réseaux sociaux afin de pointer les contradictions et les abus d’Al-Qaïda, en particulier en signalant les attaques faisant des victimes chez les civils de confession musulmane.

L’annonce d’Hillary Clinton n’est pas une surprise, puisqu’elle est la traduction de l’évolution de la doctrine militaire des États-Unis. Dans un rapport, le pays a annoncé se réserver « le droit d’utiliser tous les moyens nécessaires […] afin de défendre notre nation, nos alliés, nos partenaires et nos intérêts« . Dont notamment des techniques informationnelles.

En dehors des USA, d’autres États renforcent petit à petit leur capacité de hacking. On sait par exemple que la Chine dispose d’un département dédié au sein de l’armée de libération nationale qui serait constituée de plusieurs milliers voire plusieurs dizaines de milliers de membres. C’est d’ailleurs eux que les États-Unis avaient pointé du doigt lors de l’opération Aurora.

Plus près de nous, c’est la Grande-Bretagne qui s’est illustré fin 2011 en lançant une campagne de recrutement de hackers. De son côté, Israël a affirmé en début d’année disposer de « capacités actives pour frapper ceux qui tentent de lui nuire, et aucune agence ni aucun pirate ne sera à l’abri de mesures de rétorsion« . Le ver informatique Stuxnet aurait ainsi été créé par les services israéliens.

Et en France ? Les bases de la politique de cyber-défense française ont été jetées lors de la rédaction en 2008 du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Précisant quelle posture adopter jusqu’en 2020, le document invite la classe politique à armer la France avec des « moyens offensifs » afin de pouvoir « conduire des ripostes graduées contre des États qui s’en prendraient aux réseaux français« .

Dans un registre assez proche, on se souvient que Nicolas Sarkozy avait laissé entendre qu’il était prêt à mobiliser des moyens de l’État pour « empêcher la diffusion du signal«  de toute chaîne de télévision voulant passer les images de la vidéo enregistrée par Mohammed Merah et montrant les exécutions sommaires de trois militaires, trois enfants et un enseignant.

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