Le tribunal de grande instance de Paris a rendu mardi un jugement (.pdf, voir ci-dessous) d’une sévérité exemplaire à l’encontre de TF1, qui avait porté plainte contre YouTube pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme. Le TGI a débouté le groupe de télévision de toutes ses demandes, et conforté le statut d’hébergeur de YouTube, qui ne peut se voir reproché la mise en ligne des contenus envoyés sans son contrôle par les utilisateurs.
TF1 réclamait environ 150 millions d’euros à YouTube, pour avoir mis en ligne des vidéos issues de ses programmes, envoyées par les utilisateurs. Le groupe demandait le retrait de toutes les vidéos de TF1 et LCI sur YouTube, avec « un système de filtrage efficace et immédiat des contenus protégés« , et demandait même que YouTube interdise à ses utilisateurs d’utiliser les mots « TF1 », « LCI » ou le titre des programmes sur le moteur de recherche interne du service de vidéos.
Dans son jugement, le tribunal a suivi toute l’argumentation de YouTube, dont les avocats ont fait preuve d’une rigueur à toute épreuve.
Il faut prouver la propriété des droits pour chaque vidéo
La filiale de Google a d’abord fait écarter de nombreuses prétentions de TF1 quand la chaîne ne prouvait pas, avec une extrême minutie, qu’elle était bien le titulaire des droits, et dans la bonne catégorie (tantôt en tant que diffuseur, tantôt en tant que producteur…). Il ne suffisait pas à TF1 d’affirmer qu’il était titulaire des droits, il lui fallait le démontrer avec force détails.
Plus fondamentalement, Google a ensuite défendu son statut d’hébergeur, qui lui offre un régime protecteur garanti par la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN). Le tribunal a retenu que le fait que YouTube acquiert automatiquement (par contrat de licence) les droits des contenus publiés n’était pas incompatible avec le statut d’hébergeur, qui suppose de ne pas avoir de contrôle a priori sur les contenus mis en ligne.
De même, le fait que YouTube sélectionne des contenus déjà publiés pour les mettre en avant n’a pas d’incidence, dès lors que la sélection est déléguée à des algorithmes. TF1 et LCI « sont d’ailleurs bien incapables de donner quelque exemple que ce soit de ce que la société défenderesse aurait outrepassé les limites imposées à la mission d’hébergeur et aurait eu un rôle autre qu’automatique et neutre dans le stockage des vidéos postées« , tacle le juge.
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