La censure par l’administration Trump a conduit des scientifiques des principales agences américaines à créer des comptes Twitter alternatifs pour diffuser leurs recherches. Et c’est un grave problème.

Dans ses premiers jours après avoir accédé au pouvoir, Donald Trump a bâillonné les agences scientifiques qui travaillent avec le gouvernement fédéral. En pratique, les scientifiques des agences comme celle de la Protection de l’Environnement (EPA) n’auront plus le droit de publier les résultats de leurs recherches sans un accord du gouvernement. Dans le même ordre d’idée, il leur est interdit d’utiliser les comptes Twitter officiels pour communiquer sur leurs recherches ou sur les problèmes qu’elles soulèvent qui seraient contraires à l’agenda politique du nouveau président américain.

Et c’est sur Twitter que le premier acte de résistance a émergé. Les scientifiques qui travaillent dans différentes agences, de l’EPA à la Nasa en passant par des organismes liés à la santé ou à la protection des parcs naturels, ont créé des comptes Twitter non officiels pour continuer à s’exprimer « sur leur temps libre ». L’idée qui revient souvent derrière ces comptes, c’est que la science doit être libre, internationale et non soumise à des idées politiques. L’administration de Trump n’est pas forcément pour le financement de la recherche ou de l’exploration spatiale et emploie des climatosceptiques à des postes clefs.

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Dans ce climat anti-scientifique qui amène clairement les États-Unis (et le monde) vers une situation dangereuse, ces agences qui tombent sous la coupe du nouveau gouvernement n’ont pas énormément de recours. Cette fronde sur Twitter est d’ailleurs toute symbolique : les comptes Twitter créés récemment n’ont que quelques milliers de followers, centaines de milliers pour les meilleurs, et n’auront clairement pas la portée des comptes officiels. Ils n’ont pas non plus le petit écusson « compte certifié » que donne Twitter aux utilisateurs vérifiés.

Et cette nouvelle augure du pire pour la science. D’une part, on voit déjà émerger un problème de multiplication des sources. Ainsi, deux comptes sont nés de la Nasa : Rogue Nasa et Alt Nasa. Comment savoir si les deux sont tenus par des scientifiques de l’agence ? Qu’est-ce qui peut discréditer l’idée que l’un de ces comptes n’a pas été créé par des trolls pro-Trump, souvent bien organisés sur les réseaux sociaux ? En censurant la recherche scientifique, l’administration Trump brouille les pistes entre ce qui est vrai et ce qui est faux, entre ce qui est digne de confiance, appuyé par des faits et des preuves, et ce qui relève de la croyance ou des intérêts personnels.

Mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est que la création de ces comptes crée une incertitude au sujet des comptes officiels. Est-ce que l’Agence pour la protection de l’environnement, contrôlée par Trump, va subitement se mettre à publier des études montrant que le changement climatique est un complot orchestré par la Chine, comme l’a affirmé le président ? Ou que l’exploitation des hydrocarbures n’affecte pas dangereusement la qualité de l’environnement ?

Dans un pays où l’État a fait campagne sur le mensonge et où la désinformation s’installe comme une valeur positive contre « le système, les intellectuels et les médias » (au choix), la confiance peut s’inverser du jour au lendemain.
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Sommes-nous arrivés au jour où il est nécessaire de fact-checker les déclarations de la Nasa sur Twitter ? Peut-être.

Nous avons créé une liste publique avec les comptes « alternatifs » des différents organes scientifiques américains. Vous pouvez la consulter à cette adresse et vous abonner à ceux de votre choix.

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