Donald Trump est suspecté de ne pas prendre la sécurité de ses communications suffisamment au sérieux. Le président américain continuerait à utiliser son smartphone Android alors que les services secrets lui ont confié un terminal beaucoup plus sûr.

Lorsque l’on est appelé à exercer les plus hautes fonctions de l’État, le bon sens exige de cesser d’employer le téléphone de monsieur Tout-le-Monde. En effet, un président n’est absolument pas exposé aux mêmes risques de piratage qu’un particulier. Le premier a en effet dans ses mains des responsabilités régaliennes, à la différence du second : dès lors, puisque les menaces ne sont pas du tout les mêmes, il faut prévoir une protection dédiée pour sécuriser les communications du dirigeant.

Cette consigne, chaque chef d’État devrait logiquement s’y soumettre. On l’a vu avec les révélations de WikiLeaks : ce que disent les responsables étrangers au téléphone intéressent beaucoup les puissances étrangères. Les États-Unis ont par exemple mis en place un espionnage sur certains dirigeants, comme Angela Merkel, l’ancienne présidente du Brésil Dilma Rousseff ainsi que les trois derniers dirigeants français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.

CC Pete Souza

Les États n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts.
CC Pete Souza

C’est donc avec une vive stupéfaction que nous apprenons que Donald Trump, qui a maintenant la responsabilité de tout un pays depuis son élection à la présidence des États-Unis, continue d’utiliser un smartphone équipé du système d’exploitation Android au lieu d’un terminal hautement sécurisé. C’est le New York Times qui a fait ce constat, notant au passage que ses conseillers ont pourtant tenté de le dissuader de continuer à l’utiliser.

La Maison-Blanche ne manque pourtant pas de téléphones sécurisés qui permettent de passer, dans n’importe quelle pièce du bâtiment ou presque, des appels au niveau top secret. Ils sont mêmes facilement identifiables puisque leur boîtier est en partie coloré en jaune, note Electrospaces, un blog se consacrant à la classification des informations et la sécurisation des communications.

Android est un OS qui a des qualités certaines mais qui ne correspondent pas aux besoins d’un chef d’État

Il ne s’agit pas de dire que le système d’exploitation Android est une totale passoire. Dans bien des circonstances, le niveau de sécurité de la plateforme développée par Google est tout à fait satisfaisant pour faire face à des périls classiques. Bien sûr, l’OS n’offre pas une protection pure et parfaite : des failles sont décelées périodiquement, tout comme des logiciels malveillants destinés à soustraire des données privées, dégrader le fonctionnement du téléphone ou espionner le propriétaire.

Mais ce qui sied à un utilisateur standard ne convient pas à quelqu’un qui a dans ses mains le contrôle de la première armée du monde, de l’un des plus vastes arsenaux nucléaires et de la conduite de la diplomatie. Du fait du poste qu’il occupe, Donald Trump s’avère être une cible de tout premier choix pour tout ce qui veulent nuire ou en tout cas se renseigner sur les prises de position. Et cela ne concerne pas uniquement les adversaires des USA. Même entre alliés, l’espionnage est courant.

Et si un pirate utilisait son compte Twitter ?

Si Donald Trump n’abandonne pas très vite son smartphone Android, cela pourrait vite devenir un grave problème pour la sécurité nationale. Un pirate agissant ou non pour le compte d’un État pourrait accéder à des informations secrètes et permettre à ceux qui l’emploie d’avoir des éléments décisifs, par exemple dans le cadre d’une négociation commerciale ou lors d’un vote à l’ONU. Il pourrait aussi réussir savoir sa position géographique via le GPS ou publier un tweet désastreux.

On l’a vu avec l’affaire du tweet dans lequel Trump annonçait avoir reçu un coup de fil de la présidente de Taïwan. Si le message émanait bien de lui, il a très bien illustré que la « diplomatie » en 140 caractères était parfois un exercice périlleux. En effet, la Chine avait manifesté un très vif mécontentement face à la perspective d’une potentielle remise en cause de la la politique américaine sur la Chine unique,  Qu’est-ce qui se passerait si un tweet encore plus mal perçu était publié ?

donald trump

CC Gage Skidmore

Le New York Times précise pourtant que Donald Trump a bien reçu un appareil sécurisé, spécialement conçu pour lui permettre de passer des appels en toute confidentialité. Il a été approuvé par les services secrets et il s’en serait déjà servi à quelques occasions. Mais en parallèle de ce terminal, le président américain aurait continué à employer son mobile habituel, notamment pour lâcher ses tweets dont il a le secret.

Peut-être qu’une solution intermédiaire pourrait être l’usage d’un téléphone Blackberry durci. Lorsque Barack Obama était en poste, il a insisté pour continuer à utiliser son mobile, ce qui a obligé l’Agence des communications de la Maison Blanche (WHCA) et la NSA à travailler en coopération avec les ingénieurs de Research In Motion (RIM), le fabricant canadien du terminal, de manière à renforcer drastiquement son niveau de sûreté avec, en particulier, l’application SecurVoice.

Comme le note Electrospaces, « aux alentours de mai ou juin 2009, ce Blackberry hautement sécurisé a été fourni au président Obama ainsi qu’à un groupe d’une vingtaine de personnes avec qui il aimait rester en contact étroit ». Un nombre restreint, « car il est possible d’avoir une communication sécurisée uniquement à la condition que chaque extrémité utilise la même méthode de chiffrement ou le même périphérique ». Reste à savoir si Donald Trump voudrait passer sur Blackberry…

Obama et son Blackberry.CC Pete Souza

Obama et son Blackberry.
CC Pete Souza

Source : Numerama

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