C’est une anomalie portant sur un écart d’une voix seulement, mais une anomalie qui n’avait théoriquement aucune chance d’arriver sur un vote électronique. Une candidate UMP conteste le résultat du vote dans la circonscription des français expatriés au Benelux, après qu’il a été découvert un écart entre le nombre de bulletins virtuels dépouillés, et le nombre de signatures électroniques apposées sur la liste d’émargements du bureau de vote par internet.

Il fallait qu’un incident se produise pour qu’un candidat d’un grand parti national s’alarme enfin de l’inadmissible opacité du vote électronique, que nous avions maintes fois dénoncé sur Numerama. La candidate UMP Marie-Anne Montchamp, qui se présentait dans la 4ème circonscription des français de l’étranger (celle couvrant la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg), a contesté dimanche le résultat de l’élection qui la donne perdante, en faisant part d’un « incident portant sur le dépouillement des votes électroniques« .

« Des éclaircissements et une totale transparence sont requis« , a-t-elle demandé, rappelant que pour cette circonscription du Benelux, « ce sont près de 60 % des suffrages exprimés » qui l’ont été par le biais du vote par internet.

« Dans ces conditions, aucun résultat ne peut faire l’objet d’une publication officielle tant que le ministère des affaires étrangères n’aura pas fait toute la lumière sur le dépouillement de l’urne électronique. On ne peut en effet laisser les électeurs incertains sur la bonne prise en compte de leur suffrage, entachée de doute« .

Selon nos informations, l’incident en question porte sur un écart constaté au second tour entre le nombre de suffrages comptabilisés et le nombre d’émargements. L’erreur est infime, puisqu’il y aurait eu 14 623 bulletins comptabilisés pour 14 624 émargements (voir les précisions de oumph dans les commentaires). Mais une telle erreur, courante dans le vote par urne traditionnelle, ne devrait techniquement pas avoir la moindre chance d’arriver dans le vote électronique (mise à jour : le « bug » pourrait avoir un lien avec une faille détaillée par Paul Da Silva). Elle est donc de nature à remettre totalement en cause le scrutin électronique, si l’impossibilité technique de recompter les voix de façon sincère et transparente se confirme.

« Quand vous allez à l’urne, vous avez un tampon sur votre carte électorale. Moi (sic) je ne vous donne pas simplement un tampon. Je vous dis que le bulletin de M. Dupont a été dépouillé« , avait voulu rassurer François Saint-Paul, le responsable des Français de l’étranger au ministère des affaires étrangères, pour affirmer qu’un problème de ce genre ne se poserait pas. Une affirmation qui avait fait bondir le Parti Pirate :

Nous avons appris que les historiques des votes et d’émargement étaient conservés, séparés certes, mais conservés tout de même. Et que le bureau du vote électronique possedait, sous son seul contrôle, l’ensemble des historiques permettant d’associer un vote à un électeur donné.

Il y a une question pour laquelle nous n’avons jamais obtenu de réponse : quelles sont les garanties que les deux historiques ne seront jamais croisés pour savoir qui a voté quoi ?

Rappelons que le vote par internet pour les élections législatives avait fait l’objet d’un audit par une seule société, choisie par le ministère lui-même, et que le résultat de cet audit n’a fait l’objet d’aucune publication.

Ce mois-ci, le tribunal de Brest a fait annuler une élection par vote électronique, après avoir constaté l’absence de garantie de la sécurité du vote.

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