La fédération des associations de consommateurs allemands (VzBv) passe à l’action. À Berlin, la puissante organisation vient de déposer plainte contre WhatsApp au sujet de la mise à jour, survenue en août 2016, de ses conditions générales d’utilisation et de sa politique de confidentialité. Celle-ci autorise en effet WhatsApp à partager des données avec Facebook, sa maison-mère.
Le dépôt de plainte de la VzBv est la dernière manifestation en date d’un mouvement en Europe qui s’oppose aux modifications annoncées l’an dernier par le réseau social et son application de messagerie instantanée qu’il a achetée en 2014 à prix d’or pour 19 milliards de dollars. Plus que l’application elle-même, c’était surtout la masse des utilisateurs (et leurs données) que le site voulait acquérir.
En septembre 2016, l’autorité de protection des données personnelles de Hambourg a intimé l’ordre à Facebook de cesser l’import des informations privées des usagers de WhatsApp. Quelques semaines plus tard, au mois d’octobre, c’était au tour du G29, l’instance qui rassemble toutes les Cnil de l’Union européenne, d’intervenir en demandant au site de ne pas procéder au partage des données personnelles.
Pour justifier sa position, le G29 avait considéré que le consentement des internautes concernés n’est probablement pas valide. La Commission nationale de l’informatique et des libertés avait quant à elle déclaré l’an dernier qu’elle se montrerait « attentive » à la manière dont WhatsApp et Facebook échangeraient des informations, tandis que son homologue britannique avait réclamé des explications.
Face à la levée de boucliers sur le Vieux Continent, Facebook et WhatsApp ont décidé en novembre de suspendre provisoirement le partage de données. De quoi apaiser les craintes européennes ? Loin de là : en décembre, c’est au tour de la Commission d’entrer dans la danse en exigeant des précisions à Facebook sur ses possibilités de croisement de données avec WhatsApp
Suspicions européennes
Bruxelles suspecte en effet le réseau social de lui avoir caché certaines informations en 2014 au moment du rachat de la messagerie. À l’époque, les régulateurs devaient en effet évaluer les conséquences d’un achat de WhatsApp et Facebook. Facebook avait affirmé à l’époque qu’il « ne serait pas en mesure d’associer automatiquement et de manière fiable les comptes d’utilisateur des deux sociétés ».
Sauf que deux ans plus tard, le ton a bien changé : le site communautaire a annoncé « la possibilité d’associer les numéros de téléphone des utilisateurs de WhatsApp aux profils d’utilisateur de Facebook ». Une évolution qui justifie le déclenchement d’une enquête et qui pourrait, si une malversation est avérée, conduire à une procédure au terme de laquelle une amende pourrait être infligée.
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