Les grandes multinationales peuvent-elles se permettre de percuter frontalement la politique migratoire de Donald Trump, qui a démarré sur les chapeaux de roue avec son décret interdisant aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) d’entrer sur le territoire américain pour une période de 90 jours (jusqu’à nouvel ordre dans le cas de la Syrie) ?
Depuis ce week-end, tous les géants de la Silicon Valley ou presque ont dépêché leur porte-parole en première ligne pour expliquer ô combien la décision du président des États-Unis est contraire à leurs valeurs et à celles du pays qu’il dirige depuis bientôt deux semaines, mais toujours en se gardant bien d’adopter un ton trop incisif pour ne pas se fâcher avec la nouvelle administration.
Il faut dire que ces sociétés technologiques ne peuvent pas se couper de Washington. On le voit par exemple avec Google, qui augmente régulièrement ses dépenses en lobbying dans la capitale américaine et qui a envoyé ses représentants à la Maison-Blanche à plus de 471 reprises — dont 21 rencontres directes avec Barack Obama — entre 2009 et 2015 pour y défendre ses intérêts.
Idem pour Elon Musk. Si les buts du fondateur de SpaceX et de Tesla sont marqués de noblesse et de pragmatisme, à savoir inciter Trump à amender son décret controversé à défaut de pouvoir le faire annuler, force est de constater qu’il n’a pas quitté son rôle de conseiller pour marquer son désaccord. C’est aussi le cas des autres leaders de la tech, qui ont tous ou presque répondu à l’invitation de Trump.
Considérations morales et enjeux de business
Le délicat équilibre entre considérations morales et enjeux de business place la Silicon Valley dans une situation excessivement inconfortable, mais si ses marges de manœuvre sont indéniablement réduites, elles ne sont pas nulles : en effet, Bloomberg indique qu’un brouillon de lettre ouverte est en train de circuler en Californie en vue de faire entendre raison à Donald Trump.
Selon les informations de l’agence de presse, Amazon, Apple, Facebook, Google et Microsoft ont déjà rallié les signataires et, pour donner un poids maximal au courrier, des compagnies ne faisant pas partie de la Silicon Valley sont aussi impliquées. Il est en effet question d’entreprises issues d’autres secteurs, comme la finance et l’industrie. Aucune compagnie n’a souhaité confirmer l’existence de cette lettre à Bloomberg.
D’aucuns estimeront sans doute qu’une lettre ouverte n’aura aucune sorte d’impact sur ce que veut faire la Maison-Blanche.
Il y a pourtant une carte à jouer, celle de l’économie. En effet, Trump a toujours été un homme d’affaires et paraît vouloir diriger l’Amérique comme un businessman. Dès lors, peut-être que les arguments d’emploi, de croissance et d’industrie ainsi que l’implication de plusieurs grosses entreprises auront une meilleure emprise sur celui qui a fait de l’expression « make America great again » son slogan de campagne.
Et si ça ne marche pas ? Il reste les recours en justice. Mais quelle société osera-t-elle se lancer dans cette voie au risque de se brouiller avec l’administration Trump ? Pour l’heure, il semble que Tim Cook, le dirigeant d’Apple, soit prêt à prendre ce risque.
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