Le tabloïd britannique Daily Mail n’est plus un média jugé suffisamment crédible pour pouvoir servir de référence sur Wikipédia. Telle est la conclusion radicale à laquelle sont parvenus les contributeurs de la version anglophone de l’encyclopédie en ligne mercredi 8 février après un mois de discussion.
La décision, établie par consensus entre les bénévoles de l’encyclopédie en ligne qui ont participé au débat, est exceptionnelle de par son ampleur (tout un site et tout un quotidien sont touchés) et de par sa nature (la presse). D’ordinaire, les wikipédiens traitent les cas au fur et à mesure qu’ils se présentent à eux, article par article.
Ironie de l’histoire, la décision a été prise par les contributeurs d’une plateforme qui est parfois critiquée pour son manque de fiabilité. Or, Wikipédia est avant tout le reflet des informations qui existent autre part ; si des passages sont imprécis ou inexacts, c’est en partie parce que les sources premières sont défaillantes.
La presse n’échappe évidemment pas au problème de la crédibilité et c’est ce que vient de rappeler Wikipédia. Dans une époque où la « post-vérité » fait son nid, les faits alternatifs sont inventés et la désinformation se déverse sur les réseaux sociaux, les médias, dont les journalistes ne sont pas infaillibles, peuvent aussi se faire avoir.
Le Daily Mail n’est pas sérieux
Mais quand c’est la ligne éditoriale même du média qui est pourrie, parce qu’il adopte une posture trop partisane qui l’éloigne de la recherche de la vérité ou bien parce qu’il déforme sciemment les faits pour les faire correspondre à sa vision du monde, l’action des wikipédiens ne peut plus se faire au coup par coup : ce n’est plus quelques branches qu’il faut couper mais bien l’arbre entier qu’il faut déraciner.
Par conséquent, il est désormais recommandé, sauf très rares exceptions, de ne pas citer ni la version papier du journal britannique ni son site web comme source d’information. « Le consensus a déterminé que le Daily Mail n’est généralement pas sérieux et que son utilisation comme référence est interdite de manière générale, en particulier lorsque d’autres sources plus fiables existent », écrit la communauté.
Absence de vérifications, sensationnalisme, histoires inventées…
De façon générale, les arguments qui ont été mis en avant par les contributeurs pour exclure ce média incluent sa mauvaise réputation — il s’agit d’un tabloïd –, la faible vérification des faits, le sensationnalisme et l’affabulation pure et simple. Les opposants ont souligné que le journal a été parfois fiable pour certains sujets et qu’il est injuste de punir uniquement ce quotidien alors que d’autres sources mériteraient tout autant d’être éjectées de l’encyclopédie.
Les adversaires de la mesure ont toutefois été contrés au cours des débats par deux arguments : si le Daily Mail est fiable sur un sujet, il est tout à fait possible d’utiliser une autre source qui peut être au passage bien meilleure. Quant aux autres sites qui ne sont pas sérieux, il a été rappelé que l’objet de la discussion ne concernait que ce journal.
En clair, il est tout à fait possible dans les jours, les semaines et les mois à venir que de nouveaux débats émergent pour discuter de la crédibilité d’autres médias.
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